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RDC: les Pygmées, un peuple discriminé au mode de vie menacé
Publié le 22/01/2017 14:27
Mis à jour le 06/06/2017 12:03
En 1996, éclate la première guerre du Congo. Le conflit fait des milliers de morts. Mais au milieu du lac Kivu, un territoire est épargné, Idjwi, une île à cheval sur la République Démocratique du Congo et le Rwanda. Ici, vivent les pygmées Bambuti, un des plus anciens peuples d’Afrique centrale. Mais aujourd’hui, marginalisés, chassés des forêts, ils voient leur mode de vie gravement menacé.
10 photos de Therese Di Campo , datées de janvier 2017, illustrent ce propos
95% sont des Havu, un peuple bantou. Les Pygmées Bambuti, des chasseurs-cueilleurs, sont les moins nombreux. «Nous ne sommes plus que 7.000 à vivre aujourd’hui sur l'île, relogés sur des terres incultivables, disséminés sur la côte, dans des camps de fortune à la périphérie des villages, dans un dénuement total», déclare Charles Livingstone, le chef des Pygmées de l’île. (Therese Di Campo/Reuters)
dans leur forêt ancestrale de Nyamusisi. Mais ici, la terre est devenue stérile. Les enfants sont sous-alimentés et comme le dit Adèle, la doyenne du camp, «il n'y a plus d'oiseaux, ni de serpents et plus aucun singes». (Therese Di Campo/Reuters)
Et malgré une loi promulguée en 2011 pour la promotion et la protection des droits des peuples Pygmées en RDC, ils sont toujours opprimés. Ils accusent les autorités locales et les chefs bantous de les avoir expulsés des forêts à partir de 1980 et d’avoir attribué leurs terres aux Havu. Mais ne pouvant justifier d’aucun titre de propriété, ils se retrouvent spoliés. (Therese Di Campo/Reuters)
«le problème le plus grave auquel sont confrontés les Pygmées est la non-reconnaissance de leurs droits territoriaux de chasseurs-cueilleurs auquel s’ajoute le déni de leur statut de peuple indigène dans de nombreux pays africains. Sans droits reconnus au niveau national sur les forêts dont ils dépendent, des étrangers ou l’Etat peuvent mettre la main sur leurs terres sans barrière légale et sans leur verser de compensation.» (Therese Di Campo/Reuters)
«avant, dans la forêt, nous avions tout ce dont nous avions besoin pour une vie facile et heureuse: nourriture, abri, médicaments, vêtements». Aujourd’hui, les Bambuti ont perdu leurs repères et leurs moyens de subsistance. (Therese Di Campo/Reuters)
en tant que refuge matériel et spirituel, source de leur religion, de leurs moyens d’existence, de leur pharmacopée et de leur identité culturelle, ne peut être sous-estimée. (…) Les liens étroits qu’ils entretiennent avec la forêt qu’ils vénèrent et protègent depuis des générations constituent un élément central de leur identité», précise Survival International. (Therese Di Campo/Reuters)
elle-même pygmée, dirige depuis 16 ans une organisation pour l’émancipation des femmes. En 2013, elle est nommée ministre de l’Environnement et de l’Agriculture. Mais elle reconnaît pourtant que peu de progrès concrets ont été effectués depuis sa nomination. La racine du problème est le manque de terre. Les autorités coutumières locales d'Ijdwi soutiennent que les Bambuti ont vendu leurs terres. (Therese Di Campo/Reuters)
Beaucoup de personnes pensent que les «Pygmées ne possèdent pas la même valeur humaine que les Bantous, et les Pygmées eux-mêmes considèrent comme ‘’normal’’ d'être discriminés. Mais peu à peu, les peuples autochtones ont pris conscience qu'ils avaient des droits comme tout le monde.» (Therese Di Campo/Reuters)
les Bambuti travaillent dans les champs des propriétaires terriens havu, qui les traitent souvent avec mépris et les rémunèrent moins que les autres travailleurs. Ce que confirme Habimana qui désherbe un terrain sur lequel un homme d'affaires havu veut construire un hôtel. Elle ne gagne qu’un tiers du salaire des autres employés et pour compléter ses revenus, elle vend des poteries au marché. (Therese Di Campo/Reuters)
la grande majorité des Pygmées d'Idjwi sont analphabètes. Et comme le dit Manguist, un jeune pêcheur de 24 ans: «Notre ancien mode de vie n’existe plus, mais nous ne méritons pas de vivre dans cette misère. Je veux quitter l'île, m’installer en ville dans une maison en briques et pouvoir donner une éducation à mes enfants.» (Therese Di Campo/Reuters)
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