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RDC-Mort de Tshisekedi: «Nous mettrons longtemps pour en trouver de comparable»
Il a combattu la dictature de l’ancien maître de l’ex-Zaïre, le Maréchal Mobutu après avoir soutenu son pouvoir. Il a défié le régime militaire de son successeur Laurent Désiré Kabila puis refusé le projet de maintien au pouvoir de son fils. Etienne Tshisekedi est mort le 1er février à Bruxelles. Ses compatriotes rendent hommage à sa lutte non violente contre la dictature et les dictateurs.
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A Kananga, dans la province du Kasaï où il est né, la population est encore sous le choc. «C’est comme si j’avais perdu mon père», confie un Congolais à RFI, surpris par l’annonce de la disparition d’Etienne Tshisekedi.
Dans la capitale Kinshasa, l’hommage est unanime. Tout le monde pleure un grand homme qu’une femme en pleurs compare à «Moïse le Sauveur».
«Plus rien ne sera comme avant»
La presse congolaise salue la disparition d’une figure emblématique de la vie politique congolaise.
Pour le journal Forum des As, la mort de Tshisekedi, qui vient de disparaître à l’âge de 84 ans d’une embolie pulmonaire, ne sera pas sans conséquence sur la poursuite du processus de négociations en cours sous l’égide de l’Eglise catholique.
«Qui va incarner quoi au sein de l’opposition? Comment imaginer l’ordre qui se met en place sans Etienne Tshisekedi?», s’interroge le journal qui affirme que plus rien ne sera comme avant.
Le journal Le Potentiel remarque que l’onde de choc de la mort du «lider maximo», surnom donné au chef historique de l’opposition congolaise, a été gravement ressentie à Kinshasa et dans toutes les grandes villes congolaises.
«Jusqu’aux derniers instants de ses jours, Etienne Tshisekedi est allé puiser dans le peu d’énergie qui lui restait encore pour faire aboutir les discussions directes en vue d’une sortie de crise politique en RDC. Ce serait donc un bel hommage en sa mémoire que de conclure, le plus rapidement possible, ces négociations, en vue d'élections apaisées, démocratiques et transparentes», écrit le journal.
Un vide difficile à combler
Le quotidien kinois Le Phare note que la disparition d’Etienne Tshisekedi laisse un vide difficile à combler, non seulement à la tête de son parti, l’UDPS, mais aussi celle de l’opposition.
«Il est à espérer que par respect pour sa mémoire, tous ses héritiers politiques vont taire leurs ambitions personnelles pour lui assurer une succession sans casse», conseille le journal.
Tous les Congolais s’interrogent aujourd’hui sur lequel des héritiers reprendra le flambeau de l’infatigable opposant qui s’est éteint à Bruxelles. L’homme qui, à plus de 80 ans, était encore capable de mobiliser des milliers de ses compatriotes.
«Il était le seul qui incarnait un idéal. Toutes les autres personnalités politiques étaient dans des combinaisons, des arrangements, des calculs. Il incarnait une sorte de vision de ce que le Congo pourrait être dans les dix, quinze, vingt années à venir. Il était celui qui promettait chaque fois que demain nous serons mieux qu’aujourd’hui. Ça a été un message extrêmement positif qu’il a su incarner», analyse l’historien congolais Elikia Mbokolo sur l’antenne de RFI.
Aucun successeur au «baobab»
Pour lui, après 50 ans de vie politique intense, Etienne Tshisekedi ne laisse aucun successeur.
«Je pense que c’est un modèle de personnalité politique, un modèle d’intransigeance, de fidélité à soi. Etienne Tshisekedi, nous mettrons longtemps pour en trouver de comparable», affirme-t-il.
L’opposant congolais Christophe Lutundula, cadre du rassemblement de l’opposition dont Tshisekedi était le président du conseil des sages, a lancé un appel à la classe politique congolaise. Il l’invite à poursuivre le combat du héros disparu.
«Au-delà de la douleur, la charge citoyenne qui nous incombe est de pérenniser l’œuvre de Tshisekedi et de l’immortaliser», a-t-il déclaré sur Radio Okapi.
Des funérailles officielles pour honorer sa mémoire
Le gouvernement congolais compte organiser des funérailles officielles pour honorer la mémoire d’Etienne Tshisekedi.
«Nous attendons que le gouvernement puisse de manière formelle prendre toutes les dispositions pour les funérailles de cette illustre personnalité qui est un ancien Premier ministre de notre pays et qui a été le N°2 lors des élections de 2011», a annoncé le porte parole Lambert Mendé sur Radio Okapi.
Jusqu’à son dernier souffle, Etienne Tshisekedi n’a jamais reconnu la victoire de Joseph Kabila à la présidentielle de 2011 qu’il a toujours affirmé avoir remporté haut la main. Il s’en va sans assister à la fin d’un régime qu’il qualifiait d’illégitime. Certains réclament déjà un monument en son honneur dans la capitale.
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