Un rapport rwandais affirme que la France "porte une lourde responsabilité" dans le génocide des Tutsi
Le génocide orchestré par le régime hutu entre avril et juillet 1994 au Rwanda a fait environ 800 000 morts, essentiellement au sein de la minorité tutsi.
La France "porte une lourde responsabilité" dans le génocide "prévisible" des Tusti en 1994 au Rwanda affirme un rapport commandé par Kigali en 2017 à un cabinet d'avocats américain, Levy Firestone Muse, et publié lundi 19 avril. Cette enquête qualifie la France de "collaborateur indispensable" du régime hutu et estime qu'elle refuse toujours de reconnaître son rôle dans cette tragédie, qui a fait plus de 800 000 morts, essentiellement au sein de la minorité tutsi, selon les chiffres de l'Organisation des Nations unies (ONU).
Le rapport rejette par ailleurs l'idée que Paris était "aveugle" face au génocide qui se préparait, comme l'a récemment conclu une commission d'historiens français dirigée par Vincent Duclert et mise sur pied par le président Emmanuel Macron.
Ainsi, selon les auteurs du rapport, la France savait qu'un génocide se préparait mais a continué à apporter "un soutien indéfectible" au régime hutu du président Juvénal Habyarimana, même lorsque ses intentions génocidaires "étaient devenues patentes".
Paris veut "se projeter vers un avenir commun"
Le rôle de la France, accusée de n'avoir pas assez fait pour prévenir ou interrompre les massacres voire d'en avoir été complice, empoisonne depuis des années les relations entre Paris et Kigali, où Paul Kagame, ancien chef de la rébellion majoritairement tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), est au pouvoir depuis que celle-ci a mis fin au génocide en renversant le régime hutu.
La présidence française a réagi à cette publication ainsi qu'à la déclaration du ministre des Affaires étrangères rwandais. Interrogé lundi par Le Monde (article pour les abonnés), Vincent Biruta a estimé que "l’Etat français n’[était] pas complice" du génocide. Pour Paris, le rapport et cette réaction ouvrent "un espace politique nouveau" pour "se projeter vers un avenir commun". La France se félicite également que les autorités rwandaises excluent des poursuites judiciaires.
Le 7 avril dernier, 27 ans jour pour jour après le début du génocide, Paris avait annoncé l'ouverture au grand public d'importantes archives, notamment celles de l'ancien président François Mitterrand. Une décision saluée comme une possible "évolution vers la transparence" par le rapport Muse.
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