Kenya: il veut épouser la fille de Barack Obama dans la pure tradition Kalenjin
L’annonce, parue dans la presse kenyane le 26 Mai 2015, a fait le tour du monde. Un jeune avocat kenyan de 34 ans offre 50 vaches au président américain Barack Obama, en échange de la main de sa fille Malia, à peine âgée de 16 ans.
Dans une interview parue dans le journal kenyan The Nairobian, Félix Kiprono se défend d’être intéressé par l’argent de la famille Obama. Et il a déjà prévu comment il compte organiser la cérémonie : «Je lui ferai ma demande sur une colline de Bureti, près des terres de mon père, là où sont couronnés les rois et les guerriers».
La nouvelle a suscité la fierté des Kenyans mais elle a provoqué l’hilarité un peu partout ailleurs. Comment peut-on offrir des vaches contre une femme, en l’occurrence la fille de l’homme le plus puissant du monde, s’interrogent de nombreux internautes. C’est pourtant la tradition au Kenya comme chez la plupart de ses voisins: ougandais, tanzaniens, rwandais et burundais. Dans cette région de l’Afrique des grands lacs, la vache a toujours occupé une place centrale dans la société.
La vache, un puissant signe d’amitié
Au Rwanda, les cérémonies de mariage peuvent durer plusieurs semaines. Elles sont ponctuées par des discours où les vaches tiennent une place importante. La vache donnée comme dot est généralement une femelle. Son premier-né sera offert par les parents de la mariée au jeune couple. Cela montre que la valeur symbolique du cadeau prime sur la valeur économique. Et si l’homme ne donne pas une vache, mais l’argent, on dit quand même que c’est une vache. Elle est considérée par beaucoup comme un lien éternel entre deux familles ou deux amis.
Pas de vache, pas de femme
Comme l’indique l’Agence Syfia Grands Lacs, la vache constitue depuis toujours le bien le plus précieux chez les Bashi. Une tribu du Sud Kivu, en République Démocratique du Congo. Chez eux, le nombre des mariages coutumiers aurait diminué de 40% en 2005 en raison de la rareté des vaches qui constituent l’essentiel de la dot. Les vaches ont été dévorées par des hommes armés.
Mais l’importance de la vache est toujours présente dans l’imaginaire local, précise l’agence Syfia : «l’animal est également le symbole de toute forme de richesse et de fécondité. C’est ainsi que la plupart des prénoms de jeunes filles font référence à la vache». Exemple: Melle Ntagurwanguma («on ne me dotera pas d’une et une seule vache»).
De beaux « yeux de veau »
Avec ses longues cornes et ses pattes fines, la vache burundaise de race Ankolé a toujours été considérée comme un modèle de beauté. Avant la colonisation, la vache n’était pas un simple animal domestique. Les vaches elles mêmes recevaient des prénoms, faisant référence à leur beauté ou à leur caractère.
A une femme, on ne disait pas qu’elle avait de beaux yeux, mais «des yeux de veau» (Afise amaso y’inyana). Des pasteurs burundais récitaient des poèmes à leur vache en la menant au pâturage, avant que la guerre civile ne décime le cheptel.
Dans ces différents pays, les pratiques autour de la dot évoluent à mesure que les vaches se font plus rares dans certaines régions. Mais une dot versée en vaches et celle versée en argent n’ont pas la même signification. La portée sociale n’est pas la même. Pour certaines tribus, comme celle des Kalenjins dont est issu le jeune avocat kenyan qui sollicite la main de Malia Obama, une fille qui se marie sans vache est tout simplement considérée socialement comme non dotée.
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