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Sahara occidental: l’ONU convoque les quatre parties à «une table ronde»

L'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, l'Allemand Horst Kohler, a invité le 28 septembre 2018 le Maroc et l'Algérie à discuter en décembre à Genève de l'avenir de ce territoire contesté. Son espoir: relancer un processus de paix moribond depuis une dizaine d'années. Les invitations ont été également remises au Front Polisario et à la Mauritanie, selon des sources diplomatiques.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
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Horst Kohler (G), l'envoyé de l'ONU pour le territoire contesté du Sahara occidental, lors de sa rencontre avec Brahim Ghali (D), secrétaire général du Polisario et président de la République arabe sahraouie autoproclamée, au camp de réfugiés sahraouis de Rabouni, à 20 km au sud de la ville algérienne de Tindouf, le 19 octobre 2017.  (RYAD KRAMDI/AFP)

Les quatre parties impliquées dans le conflit du Sahara occidental ont jusqu'au 20 octobre pour répondre à l'invitation des Nations Unies. Elles sont conviées pour les 5 et 6 décembre prochain à une réunion en Suisse.

«Un nouveau chapitre dans le processus politique» 
Selon un diplomate s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, il ne s'agira pas d'«une réunion de négociations», mais d'une «table ronde». L'ordre du jour précis de la réunion n'est d'ailleurs pas détaillé dans la lettre d'invitation à laquelle a eu accès l'AFP.
 
Dans sa missive, Horst Kohler demande aux destinataires de lui soumettre des propositions à cet égard. «Il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre dans le processus politique sur le Sahara occidental», souligne l'émissaire de l'ONU, se montrant confiant sur la possibilité d'une solution.
 
Pour le Maroc, l'Algérie et la Mauritanie, les lettres ont été envoyées aux ministres des Affaires étrangères. Concernant le Polisario, le destinataire est le secrétaire général du Front.
 
On ignore pour le moment à quel niveau ils seront représentés à Genève. Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de l'ONU.
 
Nommé en 2017, l'ancien président allemand Horst Kohler a déjà rencontré les différentes parties au conflit en début d'année mais de manière séparée. Fin juin-début juillet, il avait effectué une tournée régionale qui l'avait conduit à Alger, Nouakchott, Tindouf, Rabouni, Rabat, Laayoune, Smara et Dakhla.
 
Le dernier cycle de négociations entre le Maroc et le Front Polisario remonte à 2012. A l'époque, les quatre parties y avaient participé sous un format «2+2», c'est-à-dire les deux belligérants Maroc et Polisario d'un côté, et les voisins, Mauritanie et Algérie, de l'autre.

Alger et Rabat campent sur leurs positions
Dans sa lettre, Horst Kohler ne mentionne pas de format particulier concernant la réunion prévue pour début décembre.
 
Cette année, l'Algérie avait fait savoir qu'elle refusait des négociations directes avec le Maroc, que ce pays souhaite depuis longtemps. Le conflit doit être réglé par les Sahraouis et le Maroc, estime Alger qui n'excluait cependant pas d'«accompagner» les deux parties dans leurs discussions.
 
Le 29 septembre 2018, dans un discours devant l'Assemblée générale annuelle des Nations Unies à New York, le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, a réaffirmé que l'Algérie considérait que le règlement du conflit au Sahara occidental «ne pouvait être trouvé qu'à travers l'exercice, par le peuple du Sahara occidental, de son droit inaliénable et imprescriptible à l'autodétermination».
 
L'Algérie espère une «reprise des négociations sans conditions préalables et de bonne foi entre les deux parties, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, pour parvenir à une solution politique mutuellement acceptable», a ajouté le ministre.
 
Mardi 25 septembre, à la même tribune, le Premier ministre marocain Saad-Eddine el Othmani, avait jugé que le Sahara occidental était une «source d'instabilité et un obstacle à l'intégration du Maghreb». Il avait demandé à l'Algérie de «prendre ses responsabilités politiques et historiques», l'accusant d'être à l'origine de la crise.
Vue du camp de Tindouf  dans le sud algérien, en avril 2018. Un des cinq camps créés en 1975 et 1976 pour accueillir les réfugiés sahraouis fuyant l'occupation du Sahara occidental par le Maroc, lors de la marche verte lancée par le roi Hassan II. (Noe Falk Nielsen/NurPhoto)
 
Le Front Polisario s'accroche au référendum d'autodétermination
Soutenu par Alger, le Front Polisario indépendantiste réclame un référendum d'autodétermination pour le Sahara occidental, une étendue désertique de 266.000 km². Cette région dispose d'un sous-sol riche en phosphates et d'eaux poissonneuses.
 
Le Maroc, appuyé par les Etats-Unis et la France, rejette cependant toute solution autre qu'une autonomie sous sa souveraineté pour ce territoire, le dernier d'Afrique, dont le statut postcolonial n'a pas été réglé.
 
Rabat avait pris à partir de 1975 le contrôle de la majeure partie du Sahara occidental au départ de la puissance colonisatrice espagnole. Le Polisario, qui luttait contre la domination espagnole, y a proclamé en 1976 une République arabe sahraouie démocratique et combattu les troupes marocaines, jusqu'à un cessez-le-feu conclu en 1991 sous l'égide de l'ONU.
 
L'opération de Casques bleus de l'ONU au Sahara occidental qui continuent de garantir ce cessez-le-feu n'a été reconduite en avril par le Conseil de sécurité que pour six mois à la suite de pressions américaines pour avancer vers un règlement de la situation.
 
Le Conseil de sécurité des Nations Unies est à nouveau appelé à se prononcer sur une nouvelle prolongation de la mission à la fin octobre.

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