Tollé au Sénégal après l'annonce de l'envoi de 2100 soldats en Arabie Saoudite
La décision de Macky Sall d’envoyer 2100 soldats au Yémen n’a pas été soumise au vote de l’assemblée nationale sénégalaise. Elle a été présentée à l’opinion publique comme la nécessaire défense des lieux saints. «La coalition internationale vise à sécuriser les lieux saints de l’islam à Médine et à la Mecque», a déclaré le ministre sénégalais des Affaires étrangères.
Il s’agit en réalité de contrer la rébellion houthie, installée dans la région nord du Yémen, frontalière de l’Arabie saoudite. Vu la faiblesse de son armée, Riyad veut réunir une vaste coalition sunnite susceptible de contenir « la poussée iranienne » désormais à sa porte. Cette coalition formée par Riyad, réunit déjà une dizaine de pays musulmans dont l’Egypte, le Maroc, et le Soudan.
Pour le Sénégal l’envoi de plus de 2000 soldats d’élite est un geste majeur envers son allié saoudien. Une participation qui se traduira par une rétribution sonnante et trébuchante. L’Arabie Saoudite aurait proposé 10 milliards de dollars au Pakistan qui a finalement refusé.
Le Sénégal est un allié historique de Riyad; Son armée a déjà participé à la guerre du Golfe de 1990, où elle a perdu 93 soldats dans le crash d’un avion militaire. Un engagement qui avait débouché sur la tenue à Dakar de la première assemblée de l’Organisation de la Conférence Islamique en 1992. Un sommet de l’OCI qui s’est renouvelé en 2008 avec à la clé, de faramineux investissements financés par la Banque Islamique du Développement, dont Riyad est le principal bailleur.
Trouble au parlement sénégalais
La classe politique sénégalaise a réagi avec circonspection à cette annonce de déploiement militaire. Certains députés mettent en cause la légitimité de cette guerre : «Le Sénégal n’a pas de rôle à jouer au Yémen… C’est une situation très compliquée, une guerre tribale. C’est une guerre qui ne nous concerne pas, ce n’est pas le Mali» a déclaré sur Rfi le député cheikh Oumar Sy. Si de nombreux hommes politiques se sont dits favorables à la sécurisation des frontières du royaume wahhabite, certains disent redouter « un enlisement à l’afghane» dans les montagnes yéménites.
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