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La stabilité retrouvée en Sierra Leone

Dix années de guerre civile en Sierra Leone ont détruit les infrastructures matérielles et sociales. Aujourd’hui, bien qu’encore très largement sous-développé, le pays connaît une situation politique stable propice au retour des investisseurs.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Sur la côte sierra-léonaise, la pêche reste encore artisanale. (SBASTIEN BOISSE/PHOTONONSTOP)

Le conflit a fait plusieurs dizaines de milliers de morts et de blessés et un million de déplacés entre 1990 et 2001. Il prend ses origines autant dans l’histoire de cette ancienne colonie britannique –  jusqu’en 1961 – que dans celle des dirigeants qui se sont succédé à la tête de ce petit pays de quelque 6,5 millions d’âmes. On citera Siaka Stevens de 1968 à 1985 puis le général Joseph Saidu Momoh, renversé en avril 1992.

Coincée entre la Guinée-Conakry et le Liberia, la Sierra Leone a été minée par la corruption, le gaspillage des richesses et l’exil massif des cadres. Depuis la fin de la guerre civile et le retour de la stabilité politique, des perspectives d’évolution sont notables, même si des réformes structurelles sont nécessaires pour relancer la croissance et l'emploi.

Malgré la pauvreté, le pays avance
Les nouvelles autorités, à la tête desquelles le président Ernest Bai Koroma (lien en anglais), ont engagé des réformes dans le secteur financier et le système fiscal. Et ont investi pour rénover les infrastructures défaillantes.

De 5% en 2011, la croissance pourrait se hisser à 6% en 2012, tirée par la reprise des exportations de minéraux (diamants, bauxite, notamment) – le secteur minier, activité souvent artisanale voire illégale, représente 30% du PIB – et une meilleure productivité de l'agriculture et de la pêche, ses principales ressources.

 

La Sierra Leone se tourne vers l'avenir

Financial Times, le 26 avril 2012

 

Relance dans les secteurs minier et agricole
Les «diamants de sang», qui ont financé la guerre civile, sont loin. Désormais, les autorités de Freetown empruntent la voie de la transparence pour contrer la corruption. Ainsi, les sommes payées par les compagnies minières au gouvernement et aux autorités locales sont rendues publiques.

Le gouvernement tente également de relancer certaines cultures, dont celle du gingembre et des épices, secteur porteur en termes d’exportation, notamment vers l’Europe, et surtout de création d’emplois en faveur des femmes, qui représentent 60% de la main d’œuvre agricole.

Malgré les efforts, avec un produit intérieur brut (PIB) équivalent à 1,9 milliard de dollars, la Sierra Leone est la nation au monde qui a créé le moins de richesses en 2010. Le PIB par habitant s'élève à peine à 326 dollars, avec d’énormes disparités.

L'accès aux soins et à l’éducation représentent des enjeux de taille
Il reste beaucoup à faire dans ce pays où 30% des écoles primaires et 75% des établissements sanitaires ont été détruits.

Faute de moyens, neuf personnes sur dix ne se soignent pas ou peu. En 2010, l'espérance de vie ne dépassait pas 57 ans et en mars 2012, une épidémie de choléra a sévi dans trois districts du pays, Kambia, Port Loko et Pujehun.

Quant aux indicateurs de mortalité infantile et maternelle, tous les voyants sont au rouge, dans ce pays où 16.000 enfants de moins de 15 ans sont séropositifs. S’ils sont les premiers touchés par la malnutrition, nombre d'entre eux sont également exclus du système scolaire.

 

Le président sierra-léonais, Ernest Bai Koroma, lors d'une visite à Berlin, le 14 février 2011. (AFP PHOTO / TOBIAS KLEINSCHMIDT GERMANY OUT)

 

Sur le plan politique, la démocratie en marche
Les élections présidentielle et législatives de 2007 ont permis l'instauration d'un nouveau gouvernement dont certains indicateurs montrent qu’il a renforcé le caractère démocratique de ses institutions.

Selon l'Index mondial de la paix (vidéo), la Sierra Leone arrive en 53e position en terme des pays les plus pacifiques (Freetown demeure l’une des capitales les plus sûres d’Afrique de l’Ouest) et selon l'index Mo Ibrahim (classement de l'ensemble des pays africains basé sur la qualité de leur gouvernance), c'est l'un des cinq Etats en situation d'après-guerre qui réalise les progrès les plus significatifs sur la voie de la démocratie.

Il reste que les élections nationale et régionale prévues le 17 novembre 2012 constituent un nouveau test pour le pays. Début mars 2012, le Bureau des Nations-Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone a exprimé quelques inquiétudes devant le Conseil de sécurité en raison de l'armement d’unités paramilitaires de la police en janvier.

Quelques mois auparavant, un candidat de l'opposition à l'élection présidentielle, Julius Maada Bio, du Parti du Peuple Sierra Leone, avait été victime de violences alors que des biens du parti au pouvoir, le Congrès de tout le peuple, étaient attaqués par des membres supposés de l'opposition.

«Transformer notre pays en un état développé»
Les capitaux privés reviennent timidement en Sierra Leone, encore sous perfusion de l'aide internationale qui apporte un soutien à ses programmes de développement.

Lors d’une conférence coïncidant avec la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance du pays en février 2012, le président Koroma a évoqué l’avenir du pays pour les cinquante années à venir, selon West Africa Democracy radio.

«Nous sommes ici pour dresser un plan sur la manière d'utiliser nos ressources naturelles, notre démocratie et notre culture pour transformer notre pays en un état développé ayant une économie solide sur les vingt-cinq ou cinquante ans à venir», a-t-il lancé avant de conclure: «Aucun citoyen sierra-léonais ne saura se dérober de la politique de transformation.»

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