Afrique du Sud : le prédicateur milliardaire Shepherd Bushiri s'enfuit au Malawi pour échapper à la justice
Il est accusé de fraude et de détournement de fonds en Afrique du Sud. La justice du Malawi l'a laissé libre ainsi que son épouse.
Poursuivis par la justice sud-africaine, Shepherd Bushiri et son épouse se sont enfuis au Malawi voisin. Le prédicateur multimilliardaire est accusé de fraude et de détournement de fonds pour un montant de plusieurs millions d'euros. Il avait été arrêté avec son épouse Mary par les autorités sud-africaines et libéré sous caution le 4 novembre dernier.
Tous deux avaient interdiction de quitter la province du Gauteng, où ils vivent confortablement à Johannesburg. Ils avaient dû remettre aux autorités sud-africaines leurs cinq passeports.
Ils ont malgré tout réussi, le week-end du 15 novembre, à rejoindre le Malawi voisin d'où est originaire le prédicateur. Un départ qui a occasionné une vive polémique en Afrique du Sud. Certains députés s'interrogeant sur les failles, voire les complicités, qui ont permis au pasteur de passer entre les mailles du filet.
Le pasteur aime l'argent
Shepherd Bushiri est une star dans toute l'Afrique australe. Jet privé, beaux costumes et bijoux en or... l'homme a la richesse ostentatoire. L'église qu'il a fondée, l'Enlightened Christian Gathering Church (l'Eglise du rassemblement chrétien éclairé) (ECG), revendique des milliers de fidèles, bien au-delà de l'Afrique du Sud. Des messes collectives monstres permettent de partager "la force divine" et de récupérer des dons...
Car le prédicateur est aussi, et peut-être surtout, un homme d'affaires. Il ne fait pas mystère de ses acquisitions, notamment trois hôtels aux Etats-Unis pour la modique somme de 450 millions de dollars. Selon lui, les dons des milliers de fidèles de l'Enlightened Christian Gathering Church, ne suffisent pas à engranger une telle masse d'argent. Il est juste un investisseur avisé, assure-t-il.
Un credo : "faire fortune"
Shepherd Bushiri a investi dans l'industrie minière, les télécommunications et l'hôtellerie de luxe. Pas égoïste, il a même partagé son savoir-faire dans un livre : Faire fortune dans le commerce international. En 2017, il proposait à ses fidèles un placement au rendement vertigineux de 50% en un mois. Mais il fallait au moins investir 6 500 dollars."Faites vite ! Le premier arrivé sera le premier servi", annonçait le courrier électronique adressé aux fidèles sélectionnés.
Mais cette fortune fait débat et lui vaut depuis 2018 ces démêlés avec la justice sud-africaine. Il est soupçonné notamment d'une évasion fiscale de près d'un million d'euros, un pactole qui aurait rejoint le Malawi, le pays où il est désormais en fuite.
Coup de froid diplomatique
Du reste, le gouvernement du Malawi s'est insurgé contre les suspicions concernant l'entourage du président Lazarus Chakwera, qui aurait aidé à la fuite du pasteur. L'avion présidentiel a en effet été bloqué sept heures sur le tarmac d'une base militaire de Pretoria, le vendredi 13 novembre.
Selon le ministère des Affaires étrangères du Malawi, les autorités sud-africaines interdisaient le retour au pays d'une partie de la délégation et les raisons invoquées étaient très vagues. Selon la presse sud-africaine, les autorités de Pretoria suspectaient l'embarquement du pasteur et de son épouse au sein de la délégation.
En liberté au Malawi
Shepherd Bushiri et son épouse se sont finalement rendus spontanément à la police du Malawi le 18 novembre, expliquant qu'ils risquaient de se faire tuer en restant en Afrique du Sud. Le tribunal de Lilongwe (la capitale du Malawi) les a remis en liberté sans condition, considérant que leur arrestation était illégale.
"Une victoire pour Dieu", a déclaré le pasteur selon le site internet de son église. Bushiri dans un long tweet a précisé qu'il ne fuyait pas la justice, mais qu'il ne retournerait devant elle que libre et avec la garantie d'un procès équitable.
Désormais, Pretoria a lancé une procédure d'extradition. Depuis la fuite du couple, la justice a saisi leur maison de Pretoria. Une bagatelle pour Bushiri : sa valeur n'est estimée qu'à 300 000 euros.
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