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Afrique du Sud : un transport maritime d’animaux vivants provoque un scandale

60 000 bêtes sont entassées dans des conditions déplorables sur un bateau à destination du Koweit.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le cargo "Al-Shuwaikh" transporte 60 000 têtes de bétail. (Les blair MarineTraffic.com)

Le cargo Al Shuwaikh vogue actuellement vers le port de Muscat à Oman. A bord, 60 000 têtes de bétail : chèvres, moutons et vaches, qui seront abattues au Koweit. Le bateau a quitté East London, en Afrique du Sud, le 4 octobre dernier et doit atteindre sa destination le 17 octobre. Deux semaines de navigation que ne supporteront pas de nombreuses bêtes, selon les défenseurs des animaux.

Ces derniers, sous la bannière de l’ONG sud-africaine de défense des animaux NSPCA, n’ont pas pu empêcher le départ du cargo, ni son chargement. Ils ont toutefois assisté à l’opération qui a duré quatre jours. Ils ont pu accompagner une inspection du bétail à bord, menée par le directeur des services vétérinaires du ministère de l’Agriculture, le docteur Molefe.

Les conditions à bord étaient horribles, selon le NSPCA. "Sur certains ponts, il y avait des taux dangereusement élevés d’ammoniaque. Des excréments souillaient la nourriture et l’eau des bacs. Les moutons devront supporter ces conditions durant tout le trajet." Malgré leur insistance, les militants ont échoué à bloquer le chargement. Les fonctionnaires du gouvernement ont laissé se poursuivre le processus. Les militants de la NSPCA étaient les seuls à s’occuper des animaux, tant dans le corral, que sur le bateau, prétendent-ils.

"Navire de la mort"

"La NSPCA portera plainte contre le gouvernement sud-africain, y compris le gouvernement provincial, aux termes de la loi sur la protection des animaux, pour des chefs de cruauté envers les animaux, de voies de fait pour le personnel qui a manipulé les animaux inhumainement."

"Voir la souffrance de ces moutons avant même leur départ et regarder Al-Shuwaikh partir a été déchirant, mais cela a également confirmé notre détermination. Nous avons peut-être perdu cette bataille, mais nous n'avons pas perdu la guerre. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer qu'aucun animal ne sera plus jamais embarqué à bord de ces navires de la mort", a déclaré Meg Wilson de la NSPCA. "Les preuves rassemblées au cours des quatre derniers jours protégeront des millions d'animaux à bord de ces navires de la mort à l'avenir."

Service en Australie

Pour les mêmes raisons, l’Al-Shuwaikh a également défrayé la chronique en Australie en 2018. Il transportait 60 000 moutons destinés au Moyen-Orient. "J’étais à Adélaïde quand l’Al-Shuwaikh a chargé sa cargaison dans des conditions extrêmement froides (mai 2018). Les moutons ne semblaient pas avoir été tondus de près", explique une lectrice du Maritime Executive.

Des moutons stressés à bord de l'"Awassi Express", le 9 mars 2018. Le transport de 50 000 moutons a été bloqué en Australie après la diffusion des images sur les conditions du voyage maritime entre l'Australie et le Moyen-Orient. (ANIMALS AUSTRALIA / ANIMALS AUSTRALIA)

Et c’est bien le problème. Car quittant l’hiver austral, ils vont durant la traversée subir les chaleurs de l’hémisphère nord. "L’Al-Shuwaikh fait route vers le Koweit où il fait actuellement 39 degrés", poursuit la correspondante, dénonçant les conditions du transport.

Une situation qui à l’époque a ému l’association des vétérinaires australiens (AVA). Celle-ci considérait qu’offrir plus de place aux animaux ne changerait rien à l’affaire. "Lorsque la température et l'humidité ambiantes extérieures dépassent le seuil de stress thermique d'un animal, celui-ci ne peut tout simplement pas se refroidir, quel que soit l'espace disponible", précise Sue Foster, porte-parole de Vets Against Live Export.

De l’avis de l'Australia's Veterinary Institute for Animal Ethics, cette affaire a été pour le gouvernement une "occasion manquée d'empêcher la souffrance inutile et la mort des moutons australiens exportés au Moyen-Orient." Et désormais, l’Al Shuwaikh poursuit son commerce en Afrique du Sud, à raison d’un voyage tous les deux mois, espère l’affréteur, et cela en toute légalité…

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