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Algérie: le haras de Chaouchaoua, un patrimoine à sauver
Longtemps, l’Algérie a été le berceau du cheval pur-sang arabe. Mais la pratique hippique a déserté le pays. Les champs de course sont en ruine, les paris ne font plus recette. Dans ce contexte, le célèbre haras de Chaouchaoua à Tiaret est menacé.
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En 1877, sous la colonisation française, ouvrait le haras national de Chaouchaoua, à Tiaret. Depuis cette date, le savoir-faire se perpétue. Ici le maréchal-ferrant fabrique lui-même ses fers à partir d’une bande de métal brut, quand de plus en plus de propriétaires se tournent vers le fer «industriel», fabriqué en usine.
Mais ce monument du patrimoine algérien est menacé. Il suit le déclin général du secteur hippique dans le pays. En 1877, à sa création, il avait pour mission de fournir l’armée française. Chaouchaoua croisait deux races: des pur-sang arabes importés d'Orient et des barbes, une race d'Afrique du Nord qui était déjà montée dans l'Antiquité et réputée pour son endurance et sa «rusticité».
22.000 naissances par an
Au début du XXe siècle, l’armée et l’agriculture utilisaient encore le cheval. Et 22.000 poulains naissaient chaque année dans ce haras. Mais aujourd’hui, il n’abrite plus que 208 chevaux dont la moitié de pur-sang. Environ 70 chevaux, dont 58% de pur-sang arabes et 42% de barbes, sont vendus annuellement aux enchères publiques, explique le site internet Vitamine DZ.
Le hippisme moribond en Algérie n’a pas pu compenser la fin de l’usage économique et militaire du cheval. Alors le commerce des animaux ne permet plus de vivre. Et, sans aucune subvention, il faut s’en remettre à la culture des céréales et à la vente de fourrage pour boucler péniblement le budget. L’exploitation agricole du haras s’étend sur une superficie de 371 hectares et assure environ 60% du chiffre d’affaires.
Un miracle
Et comme si cela ne suffisait pas, le haras subit aussi la concurrence d’éleveurs privés. De plus, les races importées sont de plus en plus prisées.
«Avoir maintenu l'élevage de chevaux relève du miracle», constate avec amertume Saïd Benabdelmoumen, le directeur des lieux à l’AFP. Car les pouvoirs publics se désintéressent de la question. Au risque de perdre la souche algérienne du pur-sang arabe et avec elle un pan de la culture nationale. Le pays ne compte déjà plus que 30.000 chevaux. Dix fois moins que chez le voisin marocain.
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