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Covid-19 : le Royaume-Uni maintient l'Afrique du Sud en liste rouge

Les voyageurs britanniques revenant d'Afrique du Sud doivent observer une quarantaine de dix jours qui impacte le tourisme.

Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le variant sud-africain est susceptible de contourner la vaccination, selon le Royaume-Uni qui maintient l'Afrique du Sud dans la liste rouge des pays vers lesquels voyager. (PHILL MAGAKOE / AFP)

Le nombre de nouveaux cas par jour est descendu à 5 pour 100 000 habitants en Afrique du Sud. Le taux de positivité est quant à lui de 7,6%. Pour les Sud-Africains, le pays est clairement sorti de la troisième vague de l'épidémie. Et Pourtant, le Royaume-Uni maintient le pays dans sa liste rouge en raison du niveau du variant bêta toujours présent et "pour sa capacité à contourner le vaccin". Ainsi, le même vaccin n’ouvre pas à une immunité complète selon les pays. Le vaccin Pfizer est jugé suffisant en France, mais pas à Johannesburg.

Cela a suscité incrédulité chez les scientifiques d’Afrique du Sud et colère chez les professionnels du tourisme. Car la liste rouge impose une quarantaine stricte aux Britanniques de retour d’un pays concerné par ce classement. Il faut passer dix jours dans un hôtel imposé, pour un coût de 2 000 euros, selon l'AFP. De quoi refroidir les plus téméraires pour un voyage austral.

Deux poids, deux mesures

L’incompréhension touche d’abord le monde scientifique sud-africain. Marc Mendelson, professeur spécialiste des maladies infectieuses à l’Université du Cap, s’interroge sur la cohérence de cette liste rouge et la façon dont elle est constituée. Il s’interroge notamment sur la fourniture d’échantillons à séquencer. 7 000 pour le compte de l'Afrique du Sud, contre 9 pour l’Egypte et 88 pour Oman, deux pays pourtant retirés de la liste rouge.

Pour un autre scientifique, le professeur Shabir Madhi, le retrait de certains pays et le maintien de l'Afrique du Sud est juste "insondable". Selon lui, ce pays a des niveaux de vaccination plus élevés, un nombre de cas plus faible et des taux de surveillance des variants plus élevés que certains des pays supprimés de la liste rouge.

Pour le professeur Tulio de Oliveira, membre de l'équipe qui a identifié le variant Bêta ("sud-africain"), la décision des britanniques est "vraiment non scientifique". Citant la dispersion des variants alpha et delta, "le Royaume-Uni a exporté plus d'infections hors du pays que l'Afrique du Sud", a-t-il estimé.

Impact sur le tourisme

La liste rouge a mis un coup de frein brutal au tourisme venu du Royaume-Uni, qui représentait plus de 400 000 voyageurs en 2019. Le manque à gagner pour la filière est estimé à 790 millions de rands chaque mois (plus de 45 millions d’euros) et le secteur des safaris est particulièrement impacté.

Situation d’autant plus rageante que la situation économique du pays est catastrophique. Le chômage atteint un taux de 34,4%. Fort de ses résultats au niveau sanitaire, le pays pensait en avoir fini avec ce classement. Mais il paraît de plus en plus empirique à mesure que certains pays obtiennent la levée de la contrainte malgré des résultats moins bons.

Ironie de la situation, ces contraintes de voyage touchent également les sociétés britanniques qui travaillent avec l’Afrique du Sud. Ainsi, selon le site Inews, la société Cedarberg Africa, installée à Lewes près de Brighton (Royaume-Uni), a licencié la moitié de son personnel.

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