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Egypte: trois chanteuses frondeuses attaquent le harcèlement et le sexisme
Bnt al-Masrwa (la Fille des Egyptiens) est le seul groupe musical de femmes en Egypte. Micro en main, trois chanteuses «féministes» racontent des histoires inspirées du quotidien dans une société qui privilégie les hommes et oppresse les femmes. Un trio de choc qui n’a pas froid aux yeux.
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Elles s’appellent Marina, Esraa et Mariam. Des étudiantes d’une vingtaine d’années qui sont nées et ont grandi en Egypte, un pays où la femme doit rester vierge jusqu’au mariage, épouser un homme qui plaît à la famille et exister à travers lui. Choquées par ce système patriarcal étouffant, elles se révoltent en chantant en arabe de la pop ou en slamant. Elles se veulent les porte-voix des femmes privées de liberté.
«C’est mon droit»
«Je ne mourrai pas avant de comprendre ce qu’est la liberté, c’est mon droit. Ma liberté ne t’appartient pas, elle est mienne. Que tu sois mon père, mon frère ou mon mari, tu me dois le respect», chantent-elles dans Horeiti (Ma liberté), un titre de leur premier album éponyme Bnt al-Masrwa (la Fille des Egyptiens) sorti en 2015. Le trio féministe aborde courageusement tous les problèmes qui oppressent les femmes en Egypte et dans le monde arabe: harcèlement sexuel, virginité, honneur, mariage forcé…
L’homme, «le parfait»
Dans le premier album de Bnt al-Masarwa produit par l’organisation Nazra, qui soutient les mouvements féministes, les jeunes chanteuses dénoncent avec vigueur les discriminations dans une société machiste. «A ta naissance, ils ont dit: "C’est un garçon" et cela a suffi pour te donner confiance… On te dit: "Toi, tu es parfait tu es fort." Ils nous ont divisés avec leur ignorance. Ce n’est pas comme ça que j’élèverai mon fils», dit la chanson Anta al kamel (Toi, le parfait).
«Le féminisme n'est pas occidental»
Marina, Esraa et Mariam se présentent comme les «les femmes de demain». Elles expriment haut et fort ce que pensent d’autres jeunes filles de leur génération et envoient des messages explicites pour briser les tabous. «Dites à son père, qu’ils se sont moqués de lui. Qu’ils arrêtent de jaser sur sa fille. Non, son honneur n’est pas entre ses jambes. Elle n’est pas une marchandise et son corps lui appartient», clame le trio féministe qui ose faire bouger les lignes.
Bnt al-Masarwa sort bientôt un nouvel album et espère conquérir un public international pour montrer la lutte des femmes dans leur pays. «Le féminisme n'est pas seulement une question occidentale, c'est ici en Egypte», soulignent-elles au site what women want.
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