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Esclavage: à Rio, le quai de Valongo reconnu par l'Unesco

Les historiens s'accordent à dire que le Brésil a reçu sur ses côtes plus de quatre millions d'esclaves venus d'Afrique entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle. Disparu sous terre et redécouvert à la faveur de travaux en vue des JO de 2016, le Quai du Valongo à Rio est aujourd'hui mis en valeur au nom de la mémoire. Le site a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
A Rio de Janeiro, le Quai du Valongo, porte d'entrée des esclaves africains au Brésil entre la fin du XVIIIe siècle et le milieu du XIXe. (Mauro PIMENTEL / AFP)

Les pierres du site archéologique du Quai du Valongo sont empreintes des blessures du lourd passé de la traite des Noirs. Des plaies qui peinent encore à cicatriser, dans un Brésil qui, malgré son multiculturalisme, reste très marqué par le racisme.

«C'est un lieu de mémoire unique, qui contient les seuls vestiges encore préservés du débarquement des esclaves en Amérique», explique l'anthropologue Milton Guran, responsable de la candidature de ce site au patrimoine mondial de l'Unesco.

La candidature a été officialisée en mars 2016 et la décision finale de l'agence onusienne a été prise lors d'une réunion de dix jours à Cracovie en Pologne, le 9 juillet 2017.

La fin d'un effroyable voyage
Le quai, extrêmement bien préservé, a été à lui seul foulé par près d'un million d'esclaves tout juste arrivés d'Afrique occidentale au port de Rio de Janeiro, il y a deux siècles.

La reconnaissance du Quai du Valongo lui permet de figurer dans la même liste que l'île de Gorée: classée au patrimoine mondial en 1978, l'île sénégalaise est reconnue comme le point de départ emblématique des esclaves africains vers l'Amérique. Le point d'arrivée offre la possibilité de retracer la fin de cet effroyable voyage sur l'océan Atlantique.

Marché aux esclaves à Rio de Janeiro au XIXe siècle. (Dessin de Riou ©Bianchetti/Leemage)

«Ceux qui survivaient à la traversée n'avaient que quelques pas à faire pour arriver à leur prochaine destination, le marché aux esclaves, constitué de plusieurs échoppes réparties autour de la place», explique l'historien Claudio Honorato. «Tout le quartier vivait en fonction de ce commerce, il y avait même des fabricants de chaînes et de colliers de fer», ajoute ce chercheur de l'Institut des nouveaux Noirs, un musée qui expose des milliers d'ossements issus d'une gigantesque fosse commune située non loin de Valongo.

Un héritage lourd à porter pour le Brésil
Les esclaves ne restaient pas longtemps à Rio. Une fois vendus, ils étaient rapidement acheminés vers les moulins de canne à sucre du Nord-Est, les mines d'or du Minas Gerais ou les plantations de café de la région de Sao Paulo.

40% des victimes de la traite vers les Amériques sont arrivés au Brésil: un héritage lourd à porter pour ce pays qui a été l'un des derniers au monde à abolir l'esclavage en 1888.
 
Pour Claudio Honorato, l'inscription du Quai du Valongo au patrimoine mondial sera «une réparation» face à «un crime contre l'humanité dont les descendants font les frais encore aujourd'hui». Et pour Milton Guran, cela permettra «d'obliger le Brésil à reconnaître ses racines africaines».

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