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Prix Nobel de la paix au Programme alimentaire mondial : "Les enfants qui meurent de malnutrition sont oubliés", déplore MSF

Le directeur général de l'antenne française de Médecins sans frontières invite le PAM à profiter de son prix pour venir en aide aux enfants qui souffrent de malnutrition.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une femme porte un enfant souffrant de malnutrition au centre de traitement du Programme alimentaire mondial, à Sanaa (Yémen), le 22 juin 2019. (MOHAMMED HUWAIS / AFP)

"Si je pouvais m'adresser à mes collègues du Programme alimentaire mondial je leur dirais [...] qu'il y a une population qui à mon avis est oubliée, ce sont les enfants qui meurent [de malnutrition]", a déclaré ce vendredi sur franceinfo Thierry Allafort-Duverger, directeur général de l'antenne française de Médecins sans frontières (MSF). Le prix Nobel de la paix a été décerné à l'organisation onusienne du Programme alimentaire mondial (PAM), alors que la pandémie de coronavirus accroît les besoins d'aide alimentaire partout dans le monde.

Le PAM, doté d'un budget de 8 milliards de dollars, a distribué l'an dernier 15 milliards de rations, assisté 97 millions de personnes dans 88 pays différents. C'est la plus grande organisation humanitaire au monde. 690 millions de personnes, un habitant de la Terre sur 11, souffre aujourd'hui de sous-alimentation chronique.

franceinfo : Est-ce que pour l'ONG Médecins sans frontières le PAM est un partenaire sur le terrain ?

Thierry Allafort-Duverger : Tout à fait et on les félicite pour ce prix Nobel parce qu'ils se mobilisent ces dernières décennies pour apporter des secours alimentaires de manière conséquente et dans des contextes difficiles. On est des compagnons de route de longue date. Par moment en partenariat, par moment en tensions aussi. On travaille sur les mêmes terrains et on fait face aux mêmes types de problèmes.

Votre organisation a déjà reçu cette récompense - ce prix Nobel de la Paix - en 1999, est-ce que ça change quelque chose de le recevoir ?

Ça donne de la notoriété mais surtout nous en avions profité pour, entre autres, créer notre campagne d'accès aux médicaments parce qu'on trouvait qu'il y avait une vraie inégalité criante entre les pays du Sud et du Nord pour l'accès aux médicaments. Et si je pouvais m'adresser de prix Nobel à prix Nobel, pour la petite blague, je leur dirais d'en profiter pour en faire autant. Leur action est énorme, on parle de toutes les personnes qui souffrent de la faim dans le monde, mais il y a une population qui à mon avis est oubliée, ce sont les enfants qui en meurent. Et ce n'est pas uniquement au PAM que je dirais ça. Aujourd'hui au Niger, on a environ 400 000 enfants en situation de malnutrition sévère tous les ans alors qu'on pourrait prévenir cette malnutrition parce qu'on a des moyens, des stratégies aujourd'hui pour la prévenir. J'inviterais donc nos collègues à réfléchir à la création d'un fonds mondial pour la prévention de la malnutrition pour les nourrissons et les très jeunes enfants.

Est-ce que la crise sanitaire dans laquelle la planète est plongée aujourd'hui aggrave la situation sur le plan de la nourriture dans le monde ?

Oui, avec les difficultés de passer les frontières, les difficultés pour acheminer la nourriture, donc évidemment ce n'est pas encore criant en termes d'augmentation d'une malnutrition sévère mais c'est très inquiétant. La première cause [de malnutrition] c'est bien sûr la pauvreté mais aussi la non-action des Etats et d'une communauté internationale, plus que la sécheresse ou la guerre. Evidemment que ces deux facteurs entraînent aussi cela.

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