L'Egypte affirme que le jeune réalisateur mort en prison avait bu du gel hydroalcoolique, la version officielle très contestée
Chadi Habache était détenu depuis deux ans, pour avoir tourné un clip musical se moquant du président Sissi.
Le procureur général d’Egypte a déclaré que le jeune réalisateur, mort le 2 mai 2020 dans une prison du Caire, avait bu par erreur un désinfectant pour les mains. Une version officielle qui a du mal à convaincre. Des voix s’élèvent pour en savoir plus sur le décès de Chadi Habache, 24 ans.
Une "erreur" du prisonnier
Accusé d'"appartenance à un groupe terroriste" et de "diffusion de fausses nouvelles", le photographe et vidéaste Chadi Habache était sous les verrous depuis plus de deux ans. Il avait été arrêté à l’âge de 22 ans après avoir participé à la réalisation d’un clip musical très critique envers le président Abdel Fattah al-Sissi. Le jeune artiste est mort en prison.
Selon la version officielle, Chadi Habache a bu "une certaine quantité d'alcool" qui lui a provoqué des crampes d’estomac. Il aurait confondu le gel hydroalcoolique, distribué pour lutter contre le coronavirus, avec la bouteille d’eau. Son état se serait vite détérioré. Une explication aussitôt contestée. Ses proches rappellent que son état de santé se détériorait depuis de nombreuses semaines. Ils mettent en cause ses conditions de détention.
Ce qui a tué Chadi, c'est la dictature et la violation horrible de ses droits humains, et nous devons exiger une enquête sur sa mort causée par le refus des soins médicaux
Ramy Essam, chanteur égyptien
60 000 prisonniers politiques
Ramy Essam, interprète de la chanson Balaha dans le clip de Chadi Habache, vit en Suède. Il s’inquiète désormais pour ses autres amis, Galal el-Behaïry et Moustafa Gamal, eux aussi en prison pour avoir participé à la production de ce clip.
Près de 60 000 prisonniers politiques seraient détenus en Egypte, selon les organisations des droits de l'Homme qui dénoncent régulièrement les conditions de détention dans ce pays. La mort du jeune Chadi Habache dans des circonstances floues relance cette question.
Une députée de l’opposition, Nadia Henry, a demandé l’ouverture d’une enquête sur la mort du jeune prisonnier politique en interpellant directement le Premier ministre et le ministre de la Justice égyptiens. Son appel fait écho auprès des organisations des droits de l'Homme qui notent de nombreuses zones d'ombres dans cette affaire.
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