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Le terrifiant destin d'un enfant soldat, Tamba, raconté en bande dessinée
Publié le 12/02/2019 17:50
Mis à jour le 12/02/2019 17:52
Pour la Journée internationale des enfants soldats, célébrée chaque année le 12 février, franceinfo Afrique revient sur une bande dessinée publiée en août 2018, "Tamba, l'enfant soldat". Ecrite par Marion Achard et mise en images par Yann Dégruel, cette histoire raconte la vie d'un jeune Africain kidnappé et enrôlé de force par des groupes armés dans un conflit qui le dépasse.
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Le livre commence par l'audition, devant une Commission vérité et réconciliation, de Tamba Cisso, un garçon âgé de 16 ans, accusé d'avoir participé à des exactions. Comme l'explique la postface de l'ouvrage : "Les pays qui sortent d'une période de conflits nationaux ayant entraîné des violations massives des droits humains peuvent chercher une voie non pénale (autrement dit non judiciaire, NDLR) pour permettre la réconciliation entre les différentes parties de la société et l'Etat. L'objectif principal est de sortir de l'état de guerre qui a prévalu et d'œuvrer à une paix durable." (EDITIONS DELCOURT, 2018 – ACHARD, DEGRUEL)
"Si nous ne disons pas la vérité, si nous n’apprenons pas à nous réconcilier, nous garderons notre haine tapie en nous et il est probable qu’un jour la tragédie se répète (…). Mesdames et messieurs… C’est une mission difficile. Il s’agit de pardonner l’impardonnable. Il n’y a pas d’avenir pour un pays sans pardon et il nous faut reconnaître un passé commun, aussi effroyable soit-il", explique Jupiter Gabo, l'homme chargé de recueillir les témoignages des différents protagonistes impliqués dans une guerre civile qui a duré 10 ans. (EDITIONS DELCOURT, 2018 – ACHARD, DEGRUEL)
D'abord enfermé dans un mutisme glaçant, qui en dit long sur sa souffrance et ses conflits intérieurs, l'adolescent se décide à parler. Il commence son récit par ces paroles terribles : "Ils m'ont… kidnappé un soir… quand j'avais huit ans." Ce récit, raconté tout en pudeur, sans pathos, est entrecoupé de flashbacks. Il suit le parcours chaotique d'enfants enlevés, obligés de subir et de commettre des atrocités, de devenir des assassins pour survivre. (EDITIONS DELCOURT, 2018 – ACHARD, DEGRUEL)
Au fil du récit, l'adolescent évoque les camps d’entraînement, les exécutions sommaires auxquelles il a été contraint de participer, sa dépendance à la drogue. Car les "rebelles" l'ont obligé à prendre des stupéfiants pour qu'il ne ressente ni douleur ni émotions. Le récit se poursuit avec son évasion en compagnie de deux autres enfants, Aceyta et Awa, et avec son arrivée dans un camp de réfugiés. Là, les cauchemars hantent ses nuits. (EDITIONS DELCOURT, 2018 – ACHARD, DEGRUEL)
A travers le personnage d'Awa, une petite fille du village de Tamba, kidnappée en même temps que lui, la BD aborde le drame des esclaves sexuelles. Awa, contrainte à son tour de devenir soldat, est violée par le chef de guerre et ses hommes. Enceinte, elle retrouve Tamba dans le camp de réfugiés. Elle est rongée par la honte et la peur d'être rejetée par les siens, si elle retourne dans son village natal. (EDITIONS DELCOURT, 2018 – ACHARD, DEGRUEL)
Ces enfants marqués à jamais pourront-ils vaincre leurs démons, reprendre le cours de leur vie? Le livre se termine sur le pardon du père d'Aceyta, son compagnon d'infortune, qui apporte une note d'espoir. Ces enfants sont-ils des bourreaux ou des victimes? S'ils ne pourront jamais oublier, la réconciliation pourra-t-elle avoir lieu ? (EDITIONS DELCOURT, 2018 – ACHARD, DEGRUEL)
"Tamba frissonne. Son âme est râpée, usée, son cœur est en lambeaux. Mais il en la certitude : ainsi entouré, il est prêt à affronter ce que la vie lui portera", conclut ce magnifique et terrifiant témoignage. Si le pays n'est jamais réellement cité, Marion Achard qui a beaucoup voyagé sur le continent, précise s’être inspirée des conflits de la Sierra Leone, de la Guinée et du Congo. Aujourd'hui, 300 000 enfants soldats participent à des conflits armés dans le monde. Dont 200 000 en Afrique. (EDITIONS DELCOURT, 2018 – ACHARD, DEGRUEL)
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