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Le tourisme africain en Afrique, poule aux œufs d'or annoncée
Consacré au tourisme, le rapport 2017 de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) met en avant le fort potentiel du secteur touristique dans la dynamisation de la croissance du continent africain. Contrairement à une idée reçue, ce sont les Africains eux-mêmes qui sont de plus en plus demandeurs de déplacements touristiques en Afrique.
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En pleine saison estivale, les conclusions du rapport de la Cnuced ne pouvaient mieux tomber pour encourager la tendance révélée par les chiffres: dans l'ensemble de l'Afrique, quatre touristes sur dix sont africains et en Afrique subsaharienne, ce sont deux touristes sur trois. De quoi rêver à une future ère de rentabilité, sous certaines conditions toutefois: prévoir des infrastructures adéquates, faciliter les déplacements entre les pays africains, aujourd'hui ralentis par des demandes de visas et surtout assurer un environnement pacifique à ses visiteurs.
Le tourisme en Afrique est malgré tout un secteur en plein essor, devenant l'un des plus importants, derrière les services et l'industrie. Il représente aujourd'hui 8,5% du Produit intérieur brut africain. Pour les petits pays insulaires, cette proportion dépasse les 50% et aux Seychelles, destination mythique la plus ouverte aux voyageurs africains, il atteint 62%.
L'émergence d'une classe moyenne évaluée à 250 millions de personnes sur le continent y est pour beaucoup.
Les trois pays qui ont le plus profité du développement du tourisme sur les 20 dernières années sont l'Angola, le Cap-Vert et le Ghana.
«Inclure les communautés vulnérables»
Petit à petit, le secteur du tourisme en Afrique a permis la création de plus de 21 millions d'emplois, soit un emploi sur 14, le signe pour la Cnuced que les populations locales, dont beaucoup de jeunes, sont de plus en plus impliquées dans le développement prometteur de cette activité.
Aux yeux de son Secrétaire général, Mukhisa Kituyi, il faudra d'ailleurs rapidement encourager «l'inclusion des communautés vulnérables» dans les projets à venir. Il estime à 11,7 millions le nombre d'emplois qui devraient être créés dans cette branche au cours des dix prochaines années.
Autre point positif selon l'institution, la place des femmes dans le marché touristique africain: elles y occupent 47% des postes, elles dirigent plus de 30% des entreprises touristiques et... elles représentent 36% des ministres africains du Tourisme. «Le pourcentage le plus élevé du monde», s'enorgueillit la Cnuced.
Moins de visas = plus de déplacements
Chaque année désormais, l'Afrique attire environ 56 millions de visiteurs, africains et non-africains, contre 24 dans les années 1995.
Pour faire mieux encore, en particulier dans le tourisme «intérieur», les gouvernements sont invités à prendre des mesures destinées à libéraliser le transport aérien, promouvoir la libre circulation des personnes, garantir la convertibilité des monnaies et intégrer la valeur du tourisme dans leurs plans.
Certains l'ont vite compris, comme le Rwanda. Depuis la suppression à ses frontières, en 2011, des formalités de visa pour les habitants de la Communauté d'Afrique de l'Est, le pays a vu passer le nombre de visiteurs de 283.000 en 2010 à 478.000 en 2013. CQFD.
La paix, condition impérative pour un tourisme florissant
Mais le tourisme reste un secteur très sensible. Un conflit, une épidémie, un attentat, et la fréquentation des voyageurs s'en ressent parfois pour longtemps. L'ONU engage les autorités nationales et régionales à régler les problèmes de sécurité et de sûreté, à veiller à la stabilité politique de leur pays ou à tout le moins à la restaurer, le cas échéant, après un conflit.
C'est à ces conditions, selon l'institution onusienne, que le tourisme en Afrique se révélera comme la manne attendue.
Cette perspective suffira-t-elle cependant à ramener l'esprit de paix dans plusieurs zones du continent où sévit la guerre, qu'elle soit terroriste, tribale ou territoriale?
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