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Les migrants africains en Israël contraints de s'exiler pour éviter la prison

Ils n’ont plus que quelques jours pour se décider. 40.000 migrants africains entrés illégalement en Israël devront quitter la Terre promise dès début janvier 2018. Ils ont le choix entre un nouvel exil vers le Rwanda, qui a passé un accord avec l’Etat hébreu, ou être jetés en prison. Des voix s’élèvent pour dénoncer de nouveaux drames en perspective.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Migrants africains du centre de rétention de Holot, au sud d'Israël, le 3 septembre 2017. Ce centre, situé non loin de la frontière égyptienne, doit fermer ses portes. (Photo AFP/Menahem Kahana)

Pour les autorités israéliennes, la majorité de ces migrants sont des demandeurs d’asile «fictifs» qui veulent améliorer leurs conditions de vie.Tout est donc mis en oeuvre pour les pousser vers la sortie depuis que le Premier ministre Benyamin Netanyahu a annoncé un accord international qui lui permet d’accélérer leur expulsion. 

Quelques dollars pour les pousser vers la sortie
Selon le journal Le Figaro, au terme d’un accord conclu avec le Rwanda, Kigali aurait accepté d’accueillir 10.000 migrants moyennant 5000 dollars par personne. Ceux qui accepteraient de plier bagage recevraient un pécule de 3500 dollars.

Quant aux récalcitrants, ils risquent, dès début janvier, de se retrouver derrière les barreaux, et non plus dans un centre de rétention avec un régime de semi-liberté. Le gouvernement israélien semble déterminé à réaliser son projet malgré les mises en gardes des ONG israéliennes de défense des migrants.

«Les autorités imposent à ceux qui ont un emploi, une retenue de 20% de leur salaire qui ne leur est remboursée qu’au moment de leur départ. Il s’agit de les dégoûter de la Terre sainte», dénoncent ces ONG.

Les témoignages recueillis auprès de ceux qui ont franchi le pas sont plutôt alarmistes. Une fois arrivés au Rwanda, la majorité des migrants se retrouveraient dans une situation de précarité. Sans papiers ni statut et sous la menace permanente d’être renvoyés dans leurs pays d’origine où ils risquent de subir un nouveau calvaire. C’est le cas notamment pour les Erythréens et les Sud-Soudanais.

Certains sont donc contraints de fuir à nouveau par des routes improbables avec l’espoir de trouver un nouveau pays d’accueil, au risque de perdre leur vie.

«Tout cela prouve que le gouvernement israélien trompe le monde en assurant que ceux qui partent bénéficieront d’une protection. En fait, il les pousse à la mort», s’indigne l’ONG La ligne d’urgence pour les réfugiés et les migrants, qui a recueilli des centaines de témoignages sur ces drames.
 
«Un manque de compassion honteux»
Des drames que déplore aussi le journal Marianne dans son édition du 29 décembre: «L’argument de l’étranger qui vient manger notre pain ne tient pas la route. Israël a le taux de chômage le plus bas de son histoire, sous la barre des 5% et l’économie est au mieux de sa forme», écrit le journal qui rappelle que plus aucun migrant africain n’arrive en Israël grâce à une clôture électronique de 240 km le long de la frontière avec l‘Egypte.

Le bureau d’Amnesty International en Israël a exprimé sa vive indignation fin novembre en décrivant le sort réservé aux migrants africains et à leurs enfants en Israël, comme «un manque de compassion honteux de la part de descendants de réfugiés qui ont oublié leur vécu».
 

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