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Mozambique: Lambda, l’unique association LGBT, en voie de légalisation

Le Mozambique est l'un des rares pays d'Afrique où l'homosexualité n'est plus considérée comme un délit. Cette dépénalisation remonte à juin 2015, écartant depuis les risques de persécution contre la population LGBT du pays. Deux ans plus tard, un autre obstacle vient d'être levé qui permet à l'association LGBT Lambda d'être enfin reconnue par les pouvoirs publics après dix ans de haute lutte.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des passants dans le centre de Maputo, capitale du Mozambique.  (Jeronimo Muianga / dpa)

Jusqu'ici, l'association de défense des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), Lambda, ne pouvait prétendre à une reconnaissance officielle de son statut. Parce que ses activités allaient à l'encontre d'une disposition de la loi de 1991 sur les associations. 

Or, le 31 octobre 2017, le Conseil constitutionnel a invalidé cette clause particulière qui bloquait l'enregistrement d'organisations poursuivant des objectifs qu'elle estimait contraires à l'ordre moral, social et économique du pays et portant atteinte aux droits d'autrui ou au bien public. Le Conseil a estimé que cette disposition de loi contredisait l'article 52 de la Constitution. Lequel stipule que seules «les organisations armées militaires ou paramilitaires et celles qui encouragent la violence, le racisme, la xénophobie ou qui poursuivent des buts contraires à la loi sont interdites».


Après cette décision, le ministère mozambicain de la Justice va difficilement pouvoir continuer à rester sourd aux demandes d’enregistrement formulées par Lambda depuis 2008 pour accéder au rang d'association.

Si le Conseil constitutionnel n'a pas mentionné spécifiquement Lambda, son directeur exécutif, Danilo da Silva, y a vu toutefois une ouverture vers une reconnaissance juridique. C'est ce qu'il a déclaré à la chaîne allemande Deutsche Welle, d'après le site Global Voices.

Mais malgré un climat plus tolérant vis-à-vis de la communauté homosexuelle au Mozambique, la reconnaissance de l'association Lambda et celle de l'homosexualité elle-même passe mal chez certaines personnalités, comme le journaliste Ericino de Salena qui a fait part de ses critiques sur les réseaux sociaux, le 9 novembre 2017. 

Ce à quoi Danilo da Silva, cité par Global Voices, a notamment répondu sur Facebook«Profitons de l'occasion pour apprendre de cette décision que ce n'est pas seulement une victoire pour les personnes LGBT, mais pour tous ceux qui sont différents et qui ont des idées différentes. Cette décision est une ode à l'égalité, la paix et l'harmonie sociale.» Et d'ajouter: «Aujourd'hui, je suis très fier d'être mozambicain.»

L’homosexualité reste illégale dans une grande majorité des 54 pays d’Afrique. Elle est passible de la peine de mort au Soudan et dans certaines régions du Nigeria et de Somalie. En Tanzanie, en Sierra Leone et en Ouganda les personnes LGBT risquent la prison à vie. A Kampala, la police a procédé, le 10 décembre 2017, à une intervention musclée pour empêcher le 2e festival du film Queer de se tenir. 


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