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Nigeria : plus de 300 garçons torturés et violés dans une école coranique secourus par la police

Le Nigeria a découvert avec effroi l'existence d'une école coranique à Kaduna, au nord du pays, où plus de 300 garçons, dont des mineurs, étaient victimes de torture et de viol.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Policiers détenant les enseignants de l'école coranique, le 26 septembre 2019. (REUTERS TV / X00514)

Lors d'une descente menée le 26 septembre 2019 dans une maison du quartier Rigasa, la police de Kaduna a découvert plus de 300 élèves et étudiants de "nationalités différentes" enfermés et enchaînés dans ce que les médias appellent désormais "la maison de l'horreur". Les responsables de l'établissement les faisaient vivre dans "des conditions inhumaines et dégradantes sous couvert de leur apprendre le Coran et de les redresser", a expliqué à l'AFP le porte-parole de la police de l'Etat de Kaduna, Yakubu Sabo. Le propriétaire de l'établissement et ses six assistants ont été arrêtés, a-t-il précisé.

Nous avons trouvé une centaine d'étudiants, dont des enfants de neuf ans à peine, enchaînés dans une petite pièce, dans le but de les corriger et de les responsabiliser

Yakubu Sabo, porte-parole de la police de l'Etat de Kaduna

à l'AFP

"Les victimes ont été maltraitées. Certaines d'entre elles ont déclaré avoir été violées par leurs professeurs", a déclaré Sabo.

Maison de l'horreur

Sur les quelques photos diffusées dans la presse nigériane, on voit un enfant avec le dos couvert de plaies à vif, visiblement causées par des coups de fouet, un autre aux pieds enchaînés à des barres de fer et une foule de jeunes garçons entassés dans une cour insalubre.

Evacuation des victimes, lors de la descente de police. Kaduna (Nigeria), le 26 septembre 2019. (REUTERS TV / X00514)

La police a également trouvé une "chambre de torture", où des élèves étaient suspendus par des chaînes et battus lorsque les enseignants estimaient qu'ils avaient commis une faute.

Le raid policier a été lancé suite à des plaintes répétées de voisins, qui se doutaient que quelque chose d'anormal se passait à l'intérieur de l'école. "Les victimes étaient de nationalités différentes et deux d'entre elles ont déclaré lors de leur interrogatoire qu'elles avaient été amenées par leurs parents du Burkina Faso", a ajouté le porte-parole.

"Punitions sévères"

L'un d'entre eux cité par plusieurs journaux locaux, Bello Hamza, a affirmé qu'il devait partir étudier les mathématiques en Afrique du Sud lorsque sa famille l'amené dans "la maison de l'horreur", il y a trois mois.

Ils prétendent nous enseigner le Coran et l'islam, mais ils font beaucoup de choses ici. Ils obligent les plus jeunes à avoir (des rapports) homosexuels

Bello Hamza, témoin

"Ceux qui ont tenté de s'échapper d'ici ont écopé de punitions sévères : on les attachait et les suspendait au plafond."

"Au cours de mon court séjour ici, quelqu'un est mort des suites des tortures. D'autres étaient morts avant à cause de problèmes de santé et des tortures. Ils nous donnent une nourriture très pauvre et nous ne mangeons que deux fois par jour", a raconté Bello Hamza.

Victime secourue alors qu'elle a les chevilles entravées par des chaînes. Kaduna (Nigeria), le 26 septembre 2019. (REUTERS TV / X00514)

"Maison de correction"

L'école, ouverte il y a une dizaine d'années, hébergeait des étudiants amenés par leurs familles pour apprendre le Coran, mais surtout pour remettre dans le droit chemin des petits délinquants ou consommateurs de drogues.

Le nord du Nigeria, majoritairement musulman, accueille un grand nombre de de "maisons de correction" plus ou moins formelles dispensant un enseignement religieux strict, en l'absence de structures publiques à même de prendre en charge les jeunes livrés à eux-mêmes.

Parents choqués

Les parents de certaines victimes originaires de Kaduna, convoqués par la police, ont été "choqués et horrifiés" , quand ils ont vu l'état de leurs enfants, car ils n'avaient aucune idée de ce que qu'ils vivaient, selon le porte-parole. Ils apportaient régulièrement de la nourriture à leurs enfants et étaient autorisés à les voir une fois tous les trois mois. "Ils n'étaient pas autorisés à entrer dans la maison pour voir ce qui se passait, les enfants étaient amenés à l'extérieur pour les rencontrer un bref instant", le porte-parole de la police.

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