Nigeria: un candidat à la présidentielle promet une protection aux homosexuels
«Je ne comprends pas les relations homosexuelles parce que je suis hétérosexuel, je ne comprends pas les sentiments des homosexuels mais je ne les criminaliserai pas. Je veillerai à ce qu’ils bénéficient de la protection de la loi», a affirmé Donald Duke dans une émission de télévision très suivie au Nigeria intitulée On the Couch (Le divan). Une déclaration inédite dans ce pays où l’homosexualité est bannie et punie par la loi. L’ancien gouverneur de l’Etat de Cross River dans le sud-est du Nigeria, qui se porte candidat à l’élection présidentielle de février 2019, est un homme politique d’envergure très respecté.
Oui mais…
En évoquant ouvertement la question du genre, le candidat à la présidentielle suscite la polémique dans les milieux conservateurs. Donald Duke reste pourtant très prudent et se dit contre toute «démonstration» de l’homosexualité qui est considérée comme «un affront aux normes sociales». A la question de savoir s’il serait prêt à nommer une personne homosexuelle dans son gouvernement, le candidat nigérian a précisé que la sexualité d’une personne est d’ordre personnel et que ça ne le regardait pas.
Que dit la loi ?
Les relations homosexuelles sont depuis toujours sévèrement réprimées au Nigeria dont la société est très religieuse. La législation s’est durcie en 2014 sous l’impulsion de l’ex-président Goodluck Jonathan comme une réaction à l’obtention des droits en Occident. La nouvelle loi punit de 10 ans d’emprisonnement les personnes de même sexe affichant publiquement leur relation. Elle prévoit aussi 14 ans de prison en cas de mariage ou de cohabitation.
La chasse aux homosexuels
Si la loi n’est pas appliquée à la lettre, elle crée un climat de peur et favorise l’idée que l’homosexualité est une «abomination», comme le déclarent ouvertement des responsables politiques. Le harcèlement des personnes homosexuelles est courant dans le pays. «Des policiers traquent les homosexuels pour les arrêter et éventuellement leur faire du chantage, demandant de l’argent en échange de leur maintien en liberté», souligne RFI dans une chronique intitulée L'impossible coming out.
Au Nigeria, où les gays vivent cachés, tout rassemblement ou célébration peuvent sembler suspects. La police a déclaré fin août avoir arrêté une cinquantaine de personnes soupçonnées d’être homosexuelles lors d’une d’une descente dans un hôtel de Lagos, rapporte la BBC.
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