Où sont passés "les milliards" du clan Moubarak ?
La famille de l'ex-président égyptien déchu a désormais accès aux biens gelés en Europe depuis le soulèvement populaire en 2011.
La Cour européenne de justice a donné son feu vert le 6 avril 2022 à la levée du gel des avoirs du clan Moubarak annoncée un an plus tôt par l'Union européenne. A moins d'une contestation de dernière minute, les héritiers de l’ancien président égyptien profiteront de leurs richesses malgré les soupçons et les condamnations pour corruption.
La fin des sanctions
"Ce qui est passé est mort", dit un proverbe égyptien. Onze ans après la révolution qui a fait tomber le président Moubarak en Egypte, plus personne ou presque ne s’interroge sur l’origine de la fortune de l’ancien raïs et de son clan.
Sa femme Suzanne, ses fils Alaa et Gamal ainsi que les épouses de ceux-ci Heidi Rasekh et Khadiga al-Gammal, notamment, ne sont plus soumis aux sanctions financières de l’Union européenne. Le gel de leurs biens avait été imposé en 2011, à la demande du parquet égyptien, pour aider les autorités à récupérer "les fonds publics détournés".
Une fortune colossale
L'ancien dirigeant égyptien et ses deux fils Alaa et Gamal avaient été par ailleurs condamnés au Caire en 2013 puis en 2015 pour le détournement de fonds publics. En cause, la disparition de plus de dix millions d’euros destinés à la rénovation de palais présidentiels. Aucune autre enquête n'a été menée jusqu’au bout pour en savoir plus sur la fortune du clan Moubarak. Elle s’élèverait à au moins cinq milliards de dollars, selon les estimations citées par l'ONG internationale CIFAR (Forum pour le recouvrement des avoirs). L'ONG Transparency international parle même de 64 milliards d'euros. Des avoirs disséminés en Egypte et à l'étranger, selon l’organisation.
Pas de comptes à rendre
Les avoirs du clan Moubarak dans les pays européens ne sont plus bloqués et c'est sans doute un mauvais signe concernant les affaires de corruption présumée, car l’enrichissement illicite semble sans conséquences. Les responsables politiques et leurs proches peuvent ainsi cacher leur argent à l’étranger sans avoir à rendre des comptes et s’expliquer sur les conditions d’acquisitions des biens. Pour l’Union européenne, les mesures prises à l’encontre du clan Moubarak étaient restrictives et non punitives. "Le régime de sanctions lié au détournement de fonds publics égyptiens a contribué à promouvoir les objectifs du partenariat entre l'UE et l'Egypte dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune", souligne le communiqué.
Pendant ce temps, un Egyptien sur trois vit sous le seuil de la pauvreté, affirme un rapport officiel égyptien pubié en 2019.
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