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Ouganda: tenue correcte exigée pour tous les fonctionnaires

Une directive du ministère de la Fonction publique ougandaise impose désormais aux fonctionnaires de ne plus porter ni décolletés, ni mini-jupes. Les ongles longs sont également proscrits et les cheveux longs ou teints aussi. L'opposante et militante des droits de l'Homme, Stella Nyanzi, ne s'est pas privée de commenter ce nouveau règlement sur sa page Facebook.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
La militante des droits de l'Homme Stella Nyanzi, lors de son procès à Kampala, le 10 avril 2017, pour outrage au président. (GAEL GRILHOT / AFP)

Dans ce pays conservateur d'Afrique de l'Ouest, les agents publics s'habillaient de façon indécente. C'est ce qu'indique le ministère de la Fonction publique ougandaise qui énumère dans un communiqué les nouvelles règles vestimentaires imposées aux fonctionnaires. Les femmes ne devront pas porter de vêtements serrés, des jupes ou des robes au-dessus des genoux, découvrir leur dos ou leur décolleté, est-il indiqué dans le communiqué.
 
Les fonctionnaires «doivent aussi garder leurs cheveux non teints en plus d'avoir des ongles coupés ne dépassant pas trois centimètres de longueur», est-il précisé. Le maquillage «excessif» est aussi prohibé.

Sanctions disciplinaires
Les hommes de la Fonction publique doivent eux aussi se soumettre à des règles vestimentaires plus strictes: porter un pantalon – mais pas trop serré – une veste, une cravate et des chaussures fermées. Ceux qui ne respecteraient pas la nouvelle directive recevront un avertissement et en cas d'infractions répétées des sanctions disciplinaires seront prises, prévient la directive ministérielle.

L'activiste et universitaire, Stella Nyanzi, poursuivie par justice pour outrage au chef de l'Etat ougandais, qu'elle a traité de «paire de fesses», ne s'est pas privée de critiquer ce nouveau réglement sur Facebook. «Arrêtez de donner la priorité aux non-questions!», peut-on lire sur sa page où elle demande: «Qui s'intéresse à la tenue des fonctionnaires en Ouganda, lorsque l'empereur marche nu autour d'eux?», s'en prenant une nouvelle fois au président Musevini et à son postérieur donnant des détails assez crus.

Mme Nyanzi, 42 ans, avait été arrêtée après avoir multiplié les attaques, avec son vocabulaire habituel, contre la ministre de l’Education, Janet Museveni (qui n'est autre que l’épouse du président), lui reprochant d'avoir renoncé à fournir gratuitement des serviettes hygiéniques aux filles scolarisées, pourtant une promesse de campagne.

Mais ce sont ses attaques contre le président qui lui ont valu a l'universitaire ougandaise d'être arrêtée le 7 avril puis placée en détention provisoire pour outrage et hercèlement par Internet. La militante ougandaise estime que le pays ne doit pas se laisser distraire par ces nouvelles règles vestimentaires alors que la limite d'âge de candidature à l'élection présidentielle est fixée à 75 ans. Seule une réforme permettrait à Museveni, 72 ans, de briguer un sixième mandat. 


«Les paroles dites vulgaires sont parfois la meilleure option pour faire passer un message», estime Mme Nyanzi, titulaire d'un doctorat sur les sexualités en Afrique et chercheuse associée à la prestigieuse université de Makerere à Kampala. Ses commentaires sur les réseaux sociaux divisent la société ougandaise dont une partie de la population, notamment les jeunes  – près de 80% de la population a moins de 30 ans –, souhaite le départ du président.

L’Ouganda, pays enclavé d’Afrique de l’Est dont la population est estimée à 37 millions d’habitants, n’a jamais connu d’alternance politique pacifique depuis son indépendance en 1962

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