"Pandora Papers" : le président du Kenya, défenseur de la transparence et champion des transactions opaques
Uhuru Kenyatta et plusieurs politiciens africains sont cités dans l’enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ)
Selon des documents divulgués par une enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) baptisée Pandora Papers, plusieurs personnalités politiques du continent africain ont eu recours à des sociétés de service offshore pour dissimuler leurs activités financières ou échapper au fisc. Parmi eux notamment, le président Uhuru Kenyatta qui se veut un porte-voix de la lutte anti-corruption.
Une affaire de famille
Dans la longue liste des politiques, amateurs de transactions financières opaques, il y a le président Uhuru Kenyatta. A la tête du Kenya depuis 2017, il avait fait son retour en politique en mettant en avant la transparence, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, comme le souligne un article (lien en anglais) du Consortium international des journalistes d’investigation. Les documents obtenus par l'ICIJ illustrent tout autre chose. On y apprend notamment que la famille Kenyatta accumule secrètement depuis des années une fortune personnelle, cachée dans des paradis fiscaux à l’étranger. Le président, sa mère, ses sœurs et son frère possèderaient des actifs de plus de trente millions de dollars nichés dans des comptes offshore. Mais leur fortune réelle est bien plus importante.
La richesse offshore des Kenyatta, révélée ici pour la première fois, représente une partie d'une fortune familiale estimée à un demi-milliard de dollars amassée dans un pays où le salaire annuel moyen est inférieur à 8 000 $ par an.
Enquête journalistique Pandora PapersConsortium international des journalistes d'investigation (ICIJ)
La richesse cachée
Les Kenyatta dominent la vie politique et celle des affaires depuis des décennies. La famille détient un véritable empire commercial batit par le père Jomo Kenyatta, premier président du Kenya. Leur richesse n’est pas une révélation en soi, mais le scandale Pandora Papers prouve bien que le président a eu recours à des montages complexes pour cacher la fortune familiale dans des paradis fiscaux. C’est pourtant lui qui, au nom de la lutte contre la corruption, avait obligé les responsables politiques kenyans à être totalement transparents sur leur patrimoine. Il avait promis un gouvernement honnête et proposé de renoncer à 20% de son salaire.
Aucune sanction
L’enquête souligne le décalage entre le discours politique et la pratique. Malgré ces révélations, le président Kenyatta continue comme si de rien n’était de vanter la transparence financière et se félicite même des Pandora Papers en dénonçant "les mouvements de fonds illicites".
Le président Kenyatta n’est pas le seul dirigeant africain mis en cause pour évasion fiscale entre autres. L’enquête Pandora Papers, pointe du doigt une quarantaine de responsables politiques, dont notamment le président du Congo Denis Sassou Nguesso et celui du Gabon Ali Bongo. Dans la plupart des cas, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites puisque le recours à des sociétés offshore, dont le fonctionnement est extrêment complexe, n’est pas illégal dans les pays dont la juridiction où les sociétés sont enregistrées le permet.
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