Racisme, sexisme et corruption à l’OMS ? L’agence onusienne enquête
Le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ordonné une enquête interne sur des accusations de racisme, de sexisme et de corruption au sein de l’agence onusienne après une série de mails anonymes accusateurs.
"Discriminations raciales systématiques", "mauvaise gestion des fonds", "fraude", "corruption", "abus de pouvoir"… Ces accusations graves figurent dans les courriers électroniques anonymes transmis à des responsables de l’Organisation mondiale de la Santé, comme le révèle en exclusivité l'agence Associated Press (AP).
Des mails anonymes
Trois courriels non signés ont été envoyés à l’OMS entre avril et décembre 2018, rapporte Associated Press, qui a obtenu une copie de ces messages. Ces mails indiquent que des membres du personnel africain sont "maltraités" et "méprisés" par leur collègues basés à Genève. Ils dénoncent également une mauvaise gestion des fonds alloués à la lutte contre l'épidémie Ebola en République démocratique du Congo et que certains hauts responsables "tentent d’étouffer toute enquête" sur ces problèmes.
Des "corruptions légendaires"
L’auteur anonyme des courriers électroniques cite un exemple précis des dépenses mal utilisées, selon lui, pour enrayer la propagation du virus : "Des véhicules ont été envoyés par avion de l’entrepôt de l’OMS à Dubaï (vers la RDC) pour un coût d’un million de dollars. ( …) Nous aurions apprécié que les trois Jeeps en question soient achetées en RDC pour 80 000 dollars l’unité", souligne l'un des mails en précisant que "les histoires de corruption concernant la logistique et les achats dans le département des urgences à Genève sont légendaires".
Une enquête interne
A la tête de l’OMS depuis juillet 2017, Tedros Adhanom Ghebreyesus prend très au sérieux les allégations de racisme, de sexisme et de corruption. Lors d’une réunion de l’organisation à Nairobi, au Kenya, il a annoncé l’ouverture d’une enquête interne, comme le précise AP. L'ancien ministre de la Santé éthiopien a réfuté toutefois les accusations concernant la politique de recrutement. Il a assuré que l’équipe dirigeante est la plus diversifiée et la plus paritaire (hommes-femmes) de toutes les agences onusiennes.
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Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMSLors d'une réunion de l'OMS à Nairobi
150 plaintes en 2018
La bonne intention affichée du patron de l’OMS ne semble pas suffire. Certains observateurs émettent des doutes sur l’efficacité d’une enquête interne et réclament une enquête publique malgré les déclarations de l'Organisation.
"Mon équipe fait de son mieux pour se rendre en République démocratique du Congo qui est concernée par ces allégations dans le but de découvrir les faits", a affirmé à AP David Webb. Le directeur du bureau de contrôle interne de l’OMS assure que l’enquête sera menée par des experts indépendants et concernera également les 150 plaintes qui lui ont été rapportées.
Les gens sont au courant de ces problèmes depuis longtemps mais ils ont peur d’en parler
Oyewale Tomori, virologue nigérianà Associated Press
Le virologue nigérian, qui a travaillé à l’OMS et est aujourd’hui consultant pour cette même agence, n’est pas surpris par ces allégations de racisme, de sexisme et de corruption, même s'il ne détient aucune preuve.
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