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Tchad : le secrétaire général de la présidence écroué pour corruption présumée

Kalzeubé Pahimi Deubet, qui fut également Premier ministre, aurait été arrêté pour une tentative de détournement de fonds public.

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Kalzeubé Pahimi Deubet (en blanc, au centre de la photo), alors Premier ministre, participe à un rassembement à N'djamena, capitale du Tchad, le 17 janvier 2015. (STRINGER / AFP)

L'ancien Premier ministre du Tchad, Kalzeubé Pahimi Deubet, actuel secrétaire général de la présidence, a été écroué le 3 décembre 2019, selon une source judiciaire et son avocat. Ce dernier évoque un chef de tentative de détournement de fonds publics et dénonce une procédure "politique". Trois autres personnes auraient été écrouées en même temps que lui, selon le site tchadinfos.com.

La fonction actuelle de secrétaire général de la présidence de la République est de coordonner l'action du gouvernement.

Chef du gouvernement de 2013 à 2016, plusieurs fois ministre ensuite, l'actuel secrétaire général de la présidence qui a le rang de ministre d'Etat a été arrêté le 1er décembre par la police sur plainte de l'inspection générale d'Etat. C'est ce qu'avait alors annoncé à l'AFP le porte-parole de la police, le colonel Paul Manga. "Il a été placé sous mandat de dépôt et va à la maison d'arrêt", a indiqué, toujours à l'AFP, son avocat Alain Kagonbe.

"Les charges retenues sont tentatives d'escroquerie, abus de fonction, tentative de détournement de deniers publics et faux et usage de faux", a précisé Me Kagonbe. "Le ministre d'Etat est effectivement placé sous mandat de dépôt, il reste maintenant l'interrogatoire au fond", a confirmé un membre du parquet général, sous couvert de l'anonymat.

"Dossier politique" ?

L'affaire apparaît passablement embrouillée... "Ce que l’inspection générale d’Etat reproche à Kalzeubé Pahimi Deubet, c’est le paiement d’un montant de 150 millions (de francs CFA) sur 200 à titre de dédommagement à un particulier exproprié il y a bientôt dix ans dans le cadre d’un projet de construction de viaducs à N'djamena,& alors que (ce dernier) n’est pas le bénéficiaire légal", rapporte RFI.

"Il y a quelques semaines", le paiement du reliquat de la somme "aurait été adressé au ministère des Finances. Mais le nom du bénéficiaire a changé. Conséquence, Kalzeubé Pahimi Deubet en sa qualité de secrétaire général de la présidence ordonne qu'une enquête soit diligentée par l’Inspection générale d’Etat. Contre toute attente, l’organe chargé de veiller au bon usage des deniers de l’Etat décide de porter plainte contre l’ancien Premier ministre", précise le site de la Deutsche Welle. Selon tchadinfos, le secrétaire général de la présidence n'aurait cependant pas saisi immédiatement l'Inspection générale de l'Etat (IGE), comme le lui aurait ordonné le président Idriss Deby. Il aurait "écrit au ministre des Finances de faire le nécessaire pour payer" le particulier concerné, rapporte la même source. Selon l'IGE, il aurait "agi en toute connaissance de cause intentionnellement, dans l’exercice de ses fonctions pour vouloir obtenir un avantage indu" en faveur dudit particulier.

Quoiqu'il en soit, son avocat évoque un "dossier politique". "C’est une cabale très grossière qui a été montée de toute pièce. L’inspection générale d’Etat a été saisie par Monsieur Kalzeubé lui-même", affirme Me Kagombe, cité par la Deutsche Welle. "L’inspection générale, après enquête, au lieu de poursuivre ceux qui sont à la base de ces titres de paiement, elle dépose une plainte contre Monsieur Kalzeube, est-ce parce que Monsieur Kalzeube à un peu trop fouillé là où il ne fallait pas fouiller ?", demande le défenseur.

Immense pays s'étendant de l'Afrique centrale à la bande sahélo-saharienne, le Tchad est dirigé par le président Idriss Déby Itno depuis 1990. Le pays est "ruiné par la dette et la corruption liées au pétrole", écrivait franceinfo Afrique en avril 2018...

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