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Tchad: l’orpaillage, source de conflits dans la région du Tibesti
Les affrontements sont fréquents entre les habitants du Tibesti et les orpailleurs venus d'autres régions du Tchad ou d'autres pays comme le Soudan. Des accrochages y ont fait dix morts le 24 octobre 2017. Cette zone peu peuplée, frontalière de la Libye, du Niger et du Soudan, est également un carrefour propice à de nombreux trafics.
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Le 24 octobre 2017, «les habitants ont tendu une embuscade aux orpailleurs qui ont quitté la zone (...), sept chercheurs d'or ont été tués alors que d'autres prenaient la fuite», a indiqué une source sécuritaire tchadienne cité par l’AFP.
«Les chercheurs d'or creusent au milieu des pâturages pour le bétail, utilisent les ressources en eau – assez rares aussi –, squattent les puits, et utilisent des produits comme le mercure, très polluant», analysait Jérôme Tubiana de l'ONG Small Arms Survey, de retour du Tibesti en avril 2016.
Les prospections aurifères clandestines se sont multipliées ces dernières années et se sont étendues à des régions désertiques jusqu’alors peu prospectées.
La découverte de pépites dans les roches des massifs montagneux du nord du Tchad a attiré des chercheurs d'or venus des pays voisins, entraînant vols et violences.
Ruée vers l’or
Une manne inattendue apparue en 2014 dans le nord du Niger, avec la découverte d’or dans la vallée fossile principale du Djado. «Quelques mois plus tard, le site de Tchibarakaten, proche de la frontière algérienne, fut à son tour découvert et mis aussitôt en exploitation. Après d’intenses prospections, plusieurs petits gisements furent mis à jour au même moment dans le massif de l’Aïr. Une soif de l’or sans précédent au Sahara s’empara alors de nombreux Nigériens et étrangers en quête de fortune», rapporte le site EchoGeo.
Cet attrait pour l’or s’explique également par le contexte économique de la région: la production nigérienne d’uranium est affectée par la chute des cours mondiaux. L’ouverture de la mine d’Imouraren, qui devait rapporter des recettes supplémentaires à Niamey et créer des emplois dans la région d’Agadez, a dû être ajournée. Les anciennes mines s’appauvrissent et licencient.
Trafics en tous genres
Les flux marchands vers la Libye, qui avaient apporté dans le passé une relative prospérité, ont fortement diminué en raison de l’insécurité et de la guerre civile libyenne, tandis que le tourisme saharien et l’artisanat touareg ont périclité avec l’arrivée des djihadistes et le départ des touristes.
Aussi, hormis le trafic de drogues, d'armes et de migrants subsahariens en route pour la Libye puis l’Europe, l’économie de la région est largement sinistrée.
«L'orpaillage clandestin est devenue comme une drogue», affirmait en octobre 2016 un journal tchadien. La montée d’un chômage persistant affectant notamment la frange la plus jeune de la population inquiète: que faire pour éviter qu’elle n’écoute les sirènes djihadistes?
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