Tunisie: des étudiants en médecine dans la rue pour défendre leur diplôme
Il s'agit de la troisième marche nationale organisée dans le pays depuis le 6 février 2018, à l'appel de l’Organisation tunisienne des Jeunes médecins (OTJM). «Diplôme en otage», «Formation endommagée=patients en danger», pouvait-on lire sur les banderoles des étudiants en médecine de Tunis, Sousse, Monastir et Sfax, rassemblés lors d'une marche partie de la Faculté de médecine de Tunis en direction du siège du ministère de la Santé.
A l'origine de leur colère, une réforme qui repousse la délivrance du diplôme national de docteur en médecine à la fin de la spécialité, soit au bout de dix à onze ans d’études. Les protestataires réclament donc le maintien du diplôme à l’issue des sept ans du tronc commun de formation séparément et indépendamment du diplôme de spécialiste.
Autre mécontentement, la réforme actuelle ne prévoit aucun mécanisme pour délivrer un diplôme aux internes achevant leurs études de médecine générale cette année, et ne s’orientant pas vers une spécialisation. «En décembre, toute une promotion va se retrouver sans diplôme, au chômage, il faut régulariser cette promotion et les suivantes», a plaidé Aymen Bettaieb de l'OTJM.
#OTJM #mouvement_76 #Tunisie pic.twitter.com/71m907KiRD
— OTJM Tunis (@OTJM_Tunis) March 12, 2018
Alors que la santé publique du pays fait face à des difficultés chroniques, notamment en raison du manque d'investissements, les internes, en grève depuis début février pour défendre leur statut, envisagent en outre d'élargir leurs actions. Après 33 jours de grève, ils ont été entendus sur leur principale revendication: obtenir un statut légal qui a fait l'objet d'une publication au Journal officiel, statut qui leur garantit notamment des repos compensateurs obligatoires.
«L’interne fait office de bouche-trou. En France, par exemple, on ne peut pas travailler au-delà de 24 heures de suite mais en Tunisie, on peut nous obliger, faute de législation, à travailler au-delà de 50 heures. Il y a un danger vis-à-vis de nos patients. On ne peut pas fournir le niveau requis pour la prise en charge», dénonçait Oussema Bouabdallah, interne en pédiatrie, sur RFI.
#Tunisie Les jeunes #médecins tunisiens manifestent devant le ministère de la #Santé pour revendiquer un statut légal pour les internes et contre la décision de retarder l'obtention du diplôme. Plus de 2000 personnes selon les organisateurs. #mouvement_76 pic.twitter.com/914uBaN8YE
— Tim Vinchon (@timvinchon) February 19, 2018
Les jeunes médecins ont intitulé leur mouvement de protestation, «mouvement 76». Le chiffre 7 correspond à sept ans de revendications non-satisfaites et le 6, aux six ministres de la Santé qui se sont succédés depuis 2012, sans que rien ne change.
Les hôpitaux publics tunisiens sont confrontés à des départs massifs vers l'étranger de jeunes médecins en fin de formation. Selon l'Ordre des médecins, 45% des nouveaux diplomés en 2017 sont partis exercer hors des frontières tunisiennes.
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