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Tunisie : il parcourt 300 km à pied sous la canicule pour nettoyer 30 plages

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Marqué par les cadavres de tortues - il en a trouvé plus d'une trentaine - et les plages jonchées de bouteilles en plastique et de couches de bébés, armé de ses seuls bras et de dizaines de sacs poubelle, Mohamed Oussama Houij est déterminé à réaliser son défi: parcourir 300 kilomètres à pied en pleine canicule et nettoyer 30 plages sur son chemin.

Défi : parcourir 300 kilomètres à pied en pleine canicule et nettoyer 30 plages sur son chemin.

Ce jeune ingénieur en génie sanitaire s'est mis en route début juillet avec son sac à dos et sa guitare pour un périple de deux mois visant à sensibiliser autorités et vacanciers à l'importance de ne pas faire de la mer une poubelle. Chapeau couvrant son maigre visage buriné et brodequins aux pieds, le jeune homme de 27 ans est parti de Mahdia (est). Il terminera son parcours sur la plage de Soliman, à 40 km de Tunis, la capitale, après avoir nettoyé des plages bondées comme celle de Dar Chaabane à Nabeul mais aussi de petites criques plus secrètes.
 (FETHI BELAID / AFP)
Rêveur, Mohamed Oussama Houij est aussi réaliste: «L'action de 300 kilomètres n'est pas vraiment celle de nettoyer parce que je sais que je ne suis qu'une goutte d'eau dans l'océan. Mais je veux sensibiliser les gens à ce problème. Je veux qu'ils commencent à se dire: Attendez! Ce n'est pas normal, toutes ces bouteilles, tous ces bouchons, tous ces sacs en plastique !» En 2017, Mohamed Oussama Houij avait déjà lancé une action citoyenne similaire, "Zabaltouna" (vous nous envahissez d'ordures) pour dénoncer la pollution des rues.
 (FETHI BELAID / AFP)
Après la révolution 2011, le problème de la prolifération des déchets s'est aggravé en Tunisie, dans les grandes villes comme à l'intérieur du pays ou sur les plages. Parmi les causes, l'absence durant sept ans de pouvoir locaux élus: les mairies étaient gérées jusqu'en mai 2018 par des «délégations spéciales» nommées au lendemain de la chute du régime Ben Ali, et dont la gestion a souvent été défaillante. Mais il y a aussi un problème d'incivisme et d'absence de conscience environnementale chez les citoyens, avait expliqué le ministre de l'Environnement Riadh Moukher, lors du lancement d'une police environnementale mi-2017.
 (FADEL SENNA / AFP)
Certains gardiens privés surveillant les plages empêchent Mohamed Oussama de passer et exigent de le fouiller, le souvenir d'un assaillant arrivé avec un sac à dos et qui avait fait 38 morts sur une plage de Sousse en 2015 est encore vivace. Ce défenseur de la nature à l'allure athlétique est également en colère contre la réaction de certains estivants qui n'hésitent pas à lui demander de ramasser leurs déchets, le prenant pour leur «zabel» (éboueur en dialecte tunisien). Certaines nuits, Mohamed Oussama se voit néanmoins offrir le couvert et le confort d'un lit. Le reste du temps, il dort à la belle étoile, après s'être détendu en jouant de la guitare.
 (FETHI BELAID / AFP)

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