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Tunisie: une députée islamiste relance le débat sur l'éducation sexuelle
Lors d’une réunion au parlement tunisien, le 2 janvier 2018, Yamina Zoghlami, députée du parti islamiste Ennahda, a réclamé l’introduction de cours d’éducation sexuelle à l’école. La proposition n’est pas nouvelle dans le pays, mais elle fait réagir.
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«Nos enfants et nos jeunes doivent avoir une éducation sexuelle scientifique (…). Nous avons beaucoup de retard sur ce plan…», a notamment déclaré la députée du bloc Ennahda (le parti islamiste) à la surprise générale. C’est la première fois en effet qu’une représentante de ce parti conservateur et politico-religieux se prononce pour l’introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires.
Ouverture ou communication?
La déclaration inédite de la députée islamiste Yamina Zoghlami intrigue et suscite de nombreuses réactions dans la presse et sur les réseaux sociaux.
«On ne sait pas si cette prise de position s’inscrit dans la ligne de la politique d’ouverture opérée par le mouvement Ennahda, qui a entrepris de se débarrasser de l’étiquette religieuse, ou s’il s’agit d’une simple action de relation publique destinée à lustrer l’image du parti islamiste», souligne le site Tunisie numérique.
«Quelle éducation sexuelle en Tunisie en l’absence de droit au sexe?», peut-on lire dans Kapitalis qui rappelle qu’«un simple bisou en public est prohibé et sévèrement sanctionné».
La sexualité, un tabou
Politique d’ouverture ou pas, la députée islamiste reprend à son compte les multiples appels lancés par les associations et la société civile qui réclament depuis des années l’introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires. Mais la question de la sexualité reste taboue en Tunisie comme dans tous les pays arabes et les choses n’avancent pas. L’éducation sexuelle est souvent considérée comme un encouragement à la sexualité.
Un silence dangereux
A défaut d’une éducation sexuelle bien encadrée, de nombreux jeunes découvrent la sexualité sur des sites pornographiques parfois dès 8 ans, comme le souligne Ali Habibi, thérapeute de couple, dans une chronique au Monde Afrique sur l’’éducation sexuelle. «La peur et les tabous qui engendrent un silence insupportable laissent toute la place à la pornographie, qui fera office d’éducation sexuelle (…). Les enfants sont en contact avec le scénario d’une sexualité fausse et mensongère parce qu’elle est outrancière», note le spécialiste qui plaide pour une éducation sexuelle avec un discours adapté en fonction de l’âge des enfants.
Pour l’instant, l’éducation sexuelle à l’école se limite à l’aspect biologique avec des explications sur l’appareil reproductif, comme l’explique Le Temps.
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