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Tunisie: «vendredi noir» contre la dépénalisation de l’homosexualité

Les conservateurs tunisiens, encadrés par des imams, ont organisé un «vendredi noir» pour protester contre les réformes sociétales. «Non à l'homosexualité !», «La Tunisie est un Etat musulman!», «Non aux dérives éthiques», les manifestations organisées dans plusieurs villes ont pris pour cible la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe), présidée par la députée Bochra Belhaj.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation le 27 janvier 2018 contre «la criminalisation de la liberté sexuelle et la discrimination à l'égard des femmes» (FETHI BELAID / AFP)

«Des activistes de la société civile et des citoyens, un peu partout à travers la République, ont observé vendredi 3 août 2018, ce que l’on appelle une journée de colère ou encore le vendredi de la colère. (…) Ces manifestations ont été initiées par des imams et des associations à vocation religieuse, qui considèrent que ce rapport ne respecte ni la religion, ni la loi, ni les traditions du peuple tunisien», rapporte Réalités Online. Dans leur ligne de mire : le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (Colibe), instituée par le président tunisien Béji Caïd Essebsi, qui avait proposé le 8 juin des réformes portant notamment sur l'égalité dans l'héritage et la dépénalisation de l'homosexualité.
 
Des manifestations ont été organisées à Ben Guerdane, Tataouine, Sfax… Les slogans étaient les mêmes : «Non à l'homosexualité!», «La préservation de notre identité est un droit», «La Tunisie est un Etat musulman! », «Non aux dérives éthiques», «Non à la destruction de la société». Et d’exiger le retrait des propositions de la Colibe.
 
La Colibe avait pour mandat de mettre les lois tunisiennes en phase avec les valeurs inscrites dans la Constitution de 2014, adoptée après la révolution ayant mis fin en 2011 à des décennies de dictature, dans ce pays du Maghreb. Dépénalisation de l'homosexualité, égalité entre hommes et femmes dans l'héritage, abolition de la peine de mort et nombre d'autres mesures ont été proposées par cette commission. «Nous voulons le retrait de ces propositions parce qu'elles portent atteinte aux principes de l'islam et représentent un danger pour la famille et l'Etat», indique à l'AFP Mohamed Mednini, un imam.
 
Fake news sur les réseaux sociaux
Des informations fantaisistes ont circulé sur la Toile, largement partagées par les opposants à la libéralisation des mœurs: interdiction de la circoncision, ou encore l'autorisation du mariage entre personnes du même sexe. «Fake news» qui ont déferlé et pollué les réseaux sociaux tunisiens. «Je m’attendais à des réactions, mais pas à autant de dénigrement émanant des mosquées et de certains imams», s’indigne l’avocate Bochra Bel Haj Hmida, présidente de la Colibe.
 
Deux visions de l’islam s’affrontent en Tunisie. Pour les rigoristes, toute avancée sociale est perçue comme une atteinte à la religion. «Personne n'a le monopole de l'interprétation du Coran, nous avons opté pour une lecture progressiste», assume Iqbal Gharbi, islamologue et membre de la commission.

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