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Vidéo Réseaux sociaux: la liberté taxée

Le Bénin a récemment renoncé à une fiscalité inédite: la taxation des utilisateurs des réseaux sociaux. Un dispositif mis en œuvre, pour la première fois au monde, en Ouganda et annoncé en Zambie.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des manifestants arborent des t-shirts où l'on peut lire «This Tax must go» (cette taxe doit disparaître), lors d'une manifestation le 11 juillet 2018 à Kampala. Ils protestent contre la taxe sur les réseaux sociaux instaurée en Ouganda. Le slogan est né d'un hashtag éponyme sur les réseaux sociaux.  (ISAAC KASAMANI / AFP)

Jeter un œil sur son profil Facebook, son compte Twitter ou encore envoyer un message via Viber: un geste banal qui n’a aucune incidence, du moins immédiate, sur le porte-monnaie des utilisateurs. Parce que, d'une part, ces applications sont gratuites et, d'autre part, les usagers s'acquittent déjà de l'abonnement internet qui permet de profiter de ces réseaux sociaux. 
 
Les Ougandais et les Zambiens ne peuvent plus malheureusement en dire autant. Un dispositif d’un genre nouveau a fait son apparition sur le continent africain: taxer l’utilisation des réseaux sociaux. Pour Julie Owono, directrice générale de l'ONG de défense des droits numériques, il ne fait aucun doute que ces taxes visent à «museler l’expression de ceux qui depuis quelques années utilisent ces réseaux sociaux pour exprimer des désaccords et exprimer des critiques vis-à-vis de leurs gouvernements». 


Taxation des réseaux sociaux: la machine arrière du Bénin
Ainsi, pour empêcher ses concitoyens de répandre «des rumeurs» sur le Net, le président ougandais Yoweri Museveni, qui dirige son pays d’une main de fer depuis une trentaine d’années, a trouvé la parade: imposer une taxe de 200 shillings par jour, soit environ 4 centimes d’euro, aux utilisateurs des réseaux sociaux. Elle est effective depuis le 1er juillet 2018, à l'instar d'une taxe sur les transactions financières effectuées sur le mobile.

L’argument officiel développé en Zambie, qui a suivi l’exemple ougandais en instaurant «une taxe de 30 ngwee (par jour) sur les appels Internet uniquement», est simple: ne pas léser les entreprises de téléphonie mobile. Ce mouvement fiscal a failli être suivi par le Bénin. Les autorités béninoises se sont ravisées sous la pression d'une campagne organisée sur les réseaux sociaux par la société civile. Le hashtag #TouchePasMesMo a eu raison de la décision prise par les autorités béninoises.

En plus de manifester, à l'appel notamment de l'opposant Bobi Wine, et de porter l'affaire devant les tribunaux, les Ougandais ont également lancé une campagne avec le hashtag #ThisTaxMustGo. A ce jour, elle n'a pas encore réussi à faire plier Kampala.

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