Bujumbura se résout à laisser rentrer de Somalie un millier de ses soldats
Un contingent burundais de 1000 hommes, engagés au sein de la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom), s'apprête à rentrer à Bujumbura. Une "injustice", selon le Burundi qui aurait toutefois renoncé à s'opposer au retrait de ses troupes.
En décembre 2018, l'Union africaine (UA) avait demandé au seul Burundi le retrait de 1000 soldats de son contingent, dans le cadre d'un programme de désengagement progressif de l'Amisom. Cette décision faisait suite à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, prise en juillet 2017, prévoyant une nouvelle réduction des effectifs de l’Amisom, fin février 2019.
Depuis le 21 février, le Burundi a ainsi retiré de Somalie 201 soldats, puis 171, qui sont venus s'ajouter aux 28 autres en permission dans leur pays, soit un total de 400 hommes, selon l'AFP. Mais le 24 février, le Burundi a unilatéralement refusé de poursuivre le retrait de ses troupes entamé trois jours plus tôt, comme le prévoyait le calendrier.
Moins de devises pour Bujumbura
Une nouvelle fois, le président burundais, Pierre Nkurunziza, a dénoncé une "injustice" à son égard et exigeant la tenue urgente d'un sommet des chefs d'Etat des pays contributeurs de troupes pour l'Amisom.
La présence de ces militaires burundais en Somalie, qui œuvrent au retour de la paix et de la stabilité du pays mis à mal par les islamistes radicaux shebabs, constitue l'une des principales sources de revenus en devises pour Bujumbura.
Sur chaque salaire mensuel de 850 euros, 200 sont récupérés par l'Etat pour renflouer ses caisses, selon RFI. Ces sommes sont versées au Burundi par l'Union africaine, laquelle reçoit des financements de l'Union européenne. L'UE avait sur ce point exigé de l'UA que le transfert des fonds destinés à payer les soldats burundais en Somalie ne passe plus directement par Bujumbura, selon la BBC.
Sous la pression des bailleurs européens, une réduction de la force africaine en Somalie est en cours depuis décembre 2017. Ce que déplore le gouvernement somalien et les pays pourvoyeurs de troupes de la mission de l'UA. La Somalie continue à subir des attaques terroristes des djihadistes shebabs, comme celle du 1er mars qui a fait au moins 20 morts à Mogadiscio.
L'Etat burundais semble être revenu à la raison
Source anonyme au sein de l'Union AfricaineAFP
L'UA "a fait comprendre clairement au Burundi que la décision était définitive, qu'il n'y aurait pas de sommet des chefs d'Etat et qu'à partir du 1er mars les 600 soldats qu'il a refusé de retirer de Somalie ne dépendraient plus de l'UA ni pour les soldes, ni pour leur rapatriement ou encore en cas d'accident", a indiqué cette source anonyme de l'UA.
Le Burundi, 2e plus grand contingent de l'Amisom
Le fait aussi que Pierre Nkurunziza se soit rendu compte qu'il n'avait "aucun soutien régional au sein des pays contributeurs" l'a résolu à faire marche arrière, selon un diplomate africain, cité par l'AFP.
Déployé en Somalie depuis 2008, le Burundi aurait perdu entre 800 et 1000 soldats, tués dans ce pays, selon des sources militaires. Avec 5400 soldats, le Burundi est le deuxième plus grand contingent de l'Amisom derrière l'Ouganda qui en compte 6200.
La seconde phase du retrait de 600 Burundais portera les effectifs de l'Amisom à environ 20 600 soldats. D'ici à décembre 2021, ils devront, à leur tour, avoir quitté la Somalie et laisser les forces de sécurité nationale somaliennes prendre le relais. Un pari difficile pour cette armée composée de 18 000 hommes et qui manque de moyens, selon le site allAfrica.com.
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