Interdiction d’entrée des musulmans aux USA: les djihadistes applaudissent
Le très sérieux Washington Post (lien en anglais) a enquêté sur les réactions des comptes pro-Daech sur les réseaux sociaux après la décision de l’administration de suspendre pendant trois mois l’accès aux Etats-Unis de citoyens de sept pays majoritairement musulmans. Il en ressort que, pour les djihadistes, Donald Trump est le meilleur recruteur n’ayant jamais existé, usant de l’expression anglophone «the best caller to Islam», soit le meilleur muezzin et recruteur. Et de prédire que le président américain lancera bientôt une nouvelle guerre au Moyen-Orient.
«Interdiction bénie»
Sur Telegram, application de messagerie sécurisée très appréciée des djihadistes, la majorité des posts vont dans le même sens. Selon un compte pro-Daech, la décision de Donald Trump est une «interdiction bénie», comparable à l’invasion américaine de l’Irak en 2003, que les dirigeants islamistes à l'époque avaient considéré comme une «invasion bénie» car elle avait déclenché la ferveur anti-occidentale à travers le monde musulman.
Jihadist Groups Hail Trump's Travel Ban, Say New Policy Validates Their Claim That U.S. Is At War With Islam https://t.co/5tTux3wlSc
— Eric K Parrish (@dsmlaw) January 30, 2017
«L'Occident finirait par se retourner contre ses citoyens musulmans», avait prédit (souhaité) Anwar al-Awlaki, le leader et prédicateur d'al-Qaïda américain, rappellent les internautes sur les réseaux sociaux, laissant entendre que c’est désormais le cas grâce au président américain. Anwar al-Awlaki a été tué lors d'une attaque de drone au Yémen en 2011.
Les dirigeants du groupe Etat islamique parlent souvent de leur intention de créer une fracture entre les gouvernements occidentaux et leurs populations musulmanes. Dans un essai de 2015 dans la revue Dabiq de langue anglaise, le groupe djihadiste a motivé les attentats en Europe par sa volonté de provoquer une réaction anti-musulmane qui obligerait les musulmans «ambivalents» à s'engager auprès de Daech.
#Islam in the #US: 'Much of the debate in the US surrounding President Trump's ban on immigrants and refugees has... https://t.co/u4Y46pPOi7
— Luca Trenta (@lucatrenta) January 30, 2017
«Les djihadistes devront faire valoir qu'Obama, Bush et d'autres ont tenu des agendas anti-islam et détesté la religion – pas seulement les terroristes radicaux. Trump, cependant, rend cet argument beaucoup plus facile pour eux à vendre à leurs partisans», prévient Rita Katz, fondatrice du SITE Intelligence Group, une organisation privée qui surveille les sites web djihadistes.
In wake of #MuslimBan, jihadis invoke Awlaki's prediction that US will"turn against its Muslim citizens";call #Trump "best caller to Islam"
— Rita Katz (@Rita_Katz) January 29, 2017
Aux Etats-Unis, les services de sécurité parlent d’«erreur stratégique». Robert Richer, ancien chef de la division Proche-Orient à la CIA sous l'administration de George W.Bush, affirme que l'interdiction pourrait saper les efforts futurs pour recruter des espions et recueillir des informations vitales sur les terroristes et leurs plans. Comment, demande-t-il, les agents de la CIA peuvent-ils convaincre les ressortissants irakiens et syriens de risquer leur vie pour aider les Etats-Unis? «C'est une victoire pour les djihadistes et autres forces anti-américaines», conclut-il.
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