L'attentat à Mogadiscio "suppose des complicités à l'intérieur de la ville et dans l'appareil d'État"
Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS, a mis en doute, lundi sur franceinfo, les affirmations selon lesquelles la Somalie retrouverait une certaine stabilité, après un attentat dans un quartier de Mogadiscio.
L'importance de l'attentat survenu à Mogadiscio en Somalie "suppose des financements, une organisation, une maîtrise du terrain, des complicités à l’intérieur de la ville et dans l’appareil d’État", a affirmé, lundi 16 octobre sur franceinfo, Marc Lavergne, spécialiste de la corne de l'Afrique et directeur de recherche au CNRS.
Un attentat au camion piégé a eu lieu, samedi, dans un quartier commercial très animé à Mogadiscio. Il a fait 300 morts, a indiqué lundi le chef des services ambulanciers. C'est le plus meurtrier de l'histoire du pays. Il n'a pas été revendiqué, mais les autorités ont pointé du doigt les islamistes somaliens shebabs, liés à Al-Qaïda.
franceinfo : Est-ce que cet attentat suppose une grosse organisation ?
Marc Lavergne : Oui bien entendu. Cela suppose des financements, une organisation, une maîtrise du terrain, des complicités à l’intérieur de la ville et dans l’appareil d’État. Tout ce système met en doute les affirmations selon lesquelles la Somalie retrouverait une certaine stabilité avec ce nouveau président qui est arrivé au pouvoir en février. Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump a décidé de renforcer la présence américaine et son intervention en Somalie avec des drones tueurs qui arrivent à éliminer une bonne partie des responsables shebabs.
Les shebabs reprennent-ils du terrain ?
Malgré les drones tueurs américains, il y a une perte de terrain progressive, à la fois de l’armée nationale et des forces internationales. Tout le monde se prépare à se retirer d’ici 2020. Les shebabs gagnent du terrain progressivement.
Est-ce que les shebabs sont en lien avec d’autres mouvements jihadistes ?
Certains groupes des shebabs dans le nord ont déclaré leur affiliation à Daesh. Il y a maintenant un combat fratricide entre ceux qui restent fidèles à Al-Qaïda et ceux qui relèvent de Daesh. Malgré ces combats fratricides, les shebabs ne perdent pas de capacités opérationnelles. Il y a quand même un fond dans la population somalienne qui est en faveur du départ des étrangers d’une part et d’autre part, c’est un monde de tribus et de clans très armés qui s’opposent. Et il y a toujours, pour la jeunesse, cette absence d’avenir autre que l’engagement dans ces forces shebabs.
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