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Somalie: des élections pour conforter la transition politique
Depuis le 23 octobre 2016, des élections législatives se tiennent en Somalie. Elles sont indispensables à la tenue d’une présidentielle prévue le 30 novembre prochain. Le processus électoral, qui ne permettra qu'à 1% des Somaliens de se prononcer, est pourtant indispensable à la poursuite de la transition politique lancée en 2012.
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La présidentielle en Somalie, maintes fois reportée au grand dam de la communauté internationale, devrait se tenir le 30 novembre 2016. Cette élection marquera le point final d’un processus électoral censé garantir la poursuite de la stabilisation politique du pays.
«Si la Somalie arrive à respecter le calendrier et les règles qu’elle s’est imposée, ce sera un jalon important pour le pays», confiait Nicholas Kay, l’ancien représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Somalie, à Afrique Renouveau.
Un quart de siècle d’instabilité politique
Depuis la chute du régime du président Siad Barré en 1991, l’Etat somalien s’est désintégré. Le Somaliland a, entre autres, déclaré unilatéralement son indépendance en 1991 et le Puntland s'est établi comme région autonome en 1998.
Par ailleurs, minée par les dissensions politiques et claniques, le pays est devenu le terrain de jeu du groupe terroriste des shebabs, affilié à al-Qaïda. Ces islamistes radicaux n'ont d'ailleurs cessé de multiplier leurs attaques ces derniers mois pour perturber la transition politique, en dépit de la présence depuis 2007 de la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom).
Ainsi, depuis 2011, la scène politique somalienne s'est quelque peu apaisée. En 2012, une Constitution provisoire a été adoptée. Elle a permis la mise en place d’un Parlement qui a élu Hassan Sheikh Mohamud à la magistrature suprême. Mais les mandats du Parlement et du chef d’Etat de la République fédérale viennent à échéance en 2016. Or, le maintien des institutions, au cœur de la transition politique, est crucial.
Par conséquent, comme en 2012, le président somalien sera désigné par un Parlement. Mais cette fois-ci, il est plus représentatif. Depuis le 23 octobre 2016, sous la supervision de président de l'équipe de mise en œuvre des élections fédérales indirectes (FIEIT), des législatives qui doivent s’achever le 10 novembre permettront d’élire de nouveaux parlementaires : 275 membres dans la chambre basse et 54 dans la chambre haute.
Seuls 1% des Somaliens votent
Mais la Somalie est encore loin de pouvoir appliquer le principe «une personne, un vote». «Il importe de maintenir l'élan vers un système de gouvernance démocratique dans le cadre d'un processus électoral (inclusif), transparent et crédible en 2016, appelé à servir de tremplin à la tenue d’élections au suffrage universel en 2020», rappelait en août dernier le Conseil de sécurité des Nations Unies.
En ce qui concerne l'Assemblée nationale, les élus seront désignés par un vote indirect soumis à quelque règles, notamment celle du «4,5» qui prévoit le partage du pouvoir entre les principaux clans du pays et l’allocation de 30% des sièges à des femmes.
Ainsi 275 collèges électoraux, formés chacun de 51 délégués (dont au moins 16 femmes et 10 jeunes) sélectionnés par 135 sages, désigneront les membres de l’Assemblée nationale. Soit au total, 14.025 Somaliens sur une population de quelque 11 millions d'âmes. En d'autres termes, souligne Sakariye Cismaan dans une analyse publiée par African Arguments, 99% des Somaliens sont exclus du processus électoral.
Pour ce qui est de la chambre haute, chaque Etat fédéré doit proposer au moins deux candidats pour chaque siège. Celui qui sera choisi par les assemblées de chaque Etat l'obtiendra.
Bien que très exclusives, les législatives de 2016 sont plus «démocratiques» que celles d'il y a quatre ans où les opérations de vote se sont uniquement déroulées dans la capitale somalienne, Mogadiscio. Cette année, aux moins six villes sont concernées par le scrutin.
Si le processus présente de nombreuses limites, il demeure néanmoins indispensable pour une éclaircie politique en Somalie. Pour le nouveau représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Somalie, Michael Keating, il constitue, en dépit des nombreuses difficultés rencontrées, «une expérience nouvelle et exaltante pour un pays qui n'a pas tenu d'élections nationales depuis 1969».
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