Tension entre la Somalie et le Kenya autour de réserves de pétrole et de gaz
Nairobi a annoncé le 16 février 2019 avoir rappelé, pour "consultation urgente", son ambassadeur en Somalie et avoir demandé au représentant somalien au Kenya de rentrer à Mogadiscio. Objet de la colère du Kenya : la volonté de la Somalie de mettre aux enchères des gisements pétrolifères et gaziers dans une zone maritime que les deux pays se disputent.
Face à la colère kenyane, Mogadiscio a calmé le jeu en affirmant que "la Somalie n'offre pas maintenant et n'envisage pas d'offrir un quelconque gisement dans la zone maritime disputée, avant que la frontière maritime entre les parties soit décidée par la CIJ (Cour internationale de justice)".
La CIJ, plus haute instance judiciaire des Nations Unies, a commencé en septembre 2016 à La Haye à entendre les arguments des deux parties au sujet de la délimitation de leur frontière maritime, au sein d'une zone potentiellement riche en pétrole et gaz dans l'océan Indien. La Somalie et le Kenya se disputent un vaste secteur maritime de plus de 100 000 km², au sein duquel Nairobi a déjà accordé trois permis d'exploitation pétrolière aux compagnies française Total, américaine Anadarko Petroleum et italienne ENI SpA. Permis contestés par Mogadiscio.
Contexte régional compliqué
Cette tension entre les deux voisins s’inscrit dans un contexte régional compliqué. La Somalie a du mal à sortir d’une guerre civile sanglante, qui a souvent débordé sur le Kenya. Des islamistes, venus de Somalie, sont accusés d’avoir commis plusieurs attentats meurtriers au Kenya, dont le dernier, en janvier 2019, avait fait 21 morts.
Preuve de l'insécurité qui règne entre les deux pays, le "Kenya espère que la construction du mur de 700 km, le long de la frontière entre le Kenya et la Somalie, de Mandera dans le nord-est du Kenya à Kiunga dans la zone côtière, permettra d'empêcher les éléments d'Al-Shebab de s'infiltrer dans le pays depuis la Somalie", rappelle le Quotidien du peuple.
Le Kenya est par ailleurs impliqué dans la stabilisation de la Somalie. Le pouvoir somalien, qui a réussi à faire partir les shebabs de la capitale Mogadiscio, dépend en grande partie de la force internationale présente sur son sol. Parmi les quelque 20 000 hommes de l’Amisom (Mission de l’Union africaine en Somalie), on trouve des soldats… kenyans.
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