Soudan du Sud : cinq choses à savoir sur un Etat à la dérive
Depuis son indépendance il y a dix ans, ce pays d'Afrique de l'Est est plus fragile que jamais.
Une journée de contestation devait se tenir ce lundi 30 août 2021 au Soudan du Sud à l’appel de plusieurs organisations de la société civile. La coalition d’ONG dénonce "un système politique en faillite, devenu dangereux". Le plus jeune pays du monde est en proie à la violence, à la famine et à une profonde crise économique.
La création de l'Etat du Soudan du Sud avait suscité un énorme espoir après des décennies de violences et de combats avec le Nord. Les luttes de pouvoir et l'incompétence des dirigeants ont miné l'émergence d’une véritable nation.
1L'indépendance
Le 9 juillet 2011, un nouveau pays rejoint la communauté internationale. Née d'une histoire de lutte armée, la République du Soudan du Sud qui a pour capitale Juba devient le 54e Etat africain et le 193e membre de l’ONU.
Ce territoire grand comme la France représente presque un quart de l'ancien Soudan, avec plus de 11 millions d’habitants, selon la Banque mondiale. Ils sont majoritairement chrétiens et animistes, avec deux ethnies importantes les Dinkas et les Nuers. Dans ce pays aux riches ressources pétrolières, tout le monde rêve d’une nation unie, stable et prospère.
2La guerre civile
Deux ans après son indépendance, les anciens chefs rebelles sont incapables de gérer le pays et les perspectives économiques s'assombrissent très vite. Après des mois de tensions, les luttes de pouvoir entre le président Salva Kiir, un Dinka, et son vice-président Rieck Machar, membre de l’ethnie nuer, entraînent le pays dans un conflit violent. La guerre civile s’installe en 2013 et durera cinq ans. Le conflit marqué par des atrocités fait plus de 380 000 morts et pousse plus de quatre millions de personnes à fuir leur foyer. A titre d’exemple, un million de personnes se réfugient en Ouganda voisin.
3Une paix fragile
Sous la pression internationale, notamment celle de Washington qui a soutenu l’indépendance du Soudan du Sud à coups de milliards de dollars, un accord est signé en 2018. La formule d’un "gouvernement d’union nationale" relance le partage du pouvoir.
En 2020, Riek Machar retrouve son poste de vice-président auprès de son rival de toujours Salva Kiir. Ce rafistolage met fin officiellement à la guerre, mais ne ramène pas vraiment la paix. La "réconciliation" des chefs n’empêche pas la poursuite des violences. La même année, des centaines de civils sont tués dans des affrontements communautaires.
4Une économie précaire
Malgré un riche potentiel grâce aux ressources pétrolières, le Soudan du Sud est l'un des pays les plus pauvres au monde. L'économie sud-soudanaise a particulièrement souffert des années de guerre civile et le pays manque cruellement d’infrastructures. Le jeune Etat reste entièrement dépendant du Soudan, son voisin du Nord, pour l'exportation de son or noir. La mauvaise gouvernance, la corruption et l’instabilité fragilisent encore plus le pays. Une paix véritable basée sur un système solide permettrait d’améliorer les conditions de vie de la population.
5Un avenir sombre ?
Le Soudan du Sud fait face à "son plus haut niveau d'insécurité alimentaire depuis l'indépendance", selon l'ONU. Plus de 7,2 millions de personnes, soit 60% de la population, sont en situation d'insécurité alimentaire "aiguë sévère", et certains sont menacés de famine.
Cette situation dramatique, causée notamment par une succession de catastrophes naturelles – sécheresse, inondations, invasion de criquets –, et les violences intercommunautaires, s’est encore aggravée lors de la pandémie de Covid-19.
Depuis avril dernier, une aide financière de plus de 500 millions de dollars a été accordée par le FMI. Mais au quotidien, rien ne change vraiment pour les Soudanais du Sud. Pour bon nombre d'entre eux, l'heure du changement a sonné.
"Nos leaders, nos libérateurs, doivent s'effacer et donner ce pays aux jeunes gens qui ont l'énergie, les aspirations et l'espoir pour qu'ils prennent les choses en main", soulignait en juillet dernier, Nunu Diana, une travailleuse sociale de 33 ans citée par l'AFP.
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