Joseph Kony, chef de guerre mystique et sanguinaire
Quelques mois après le putsch militaire en Ouganda, mené en 1986 par l'actuel président Yoweri Museveni contre Milton Obote, surgit dans le nord du pays une guérilla opposée aux forces gouvernementales. Elle est menée par Alice Lakwena, grande prêtresse de la Force mobile de l’Esprit Saint.
Cette rébellion oppose l’ethnie acholie, dont elle est issue, au président sudiste qui assimile son coup d’Etat à une lutte contre le nord. Après la fuite au Kenya de la guerrière mystique, Joseph Kony, un parent, prend naturellement la relève en 1987. Fort de milliers d'hommes, il lève l'Armée de résistance du Seigneur (LRA).
Gourou illuminé de l'ethnie acholie
Né en 1961 à Odek, au nord de l’Ouganda, Kony projette de remplacer le gouvernement ougandais par un régime fondé sur les Dix commandements mâtinés de vaudou. La LRA, également appelée «tong-tong» ou «chop-chop» du nom des machettes utilisées par ses troupes, opère essentiellement dans le nord pendant vingt ans, où la guerre civile fait rage (1,8 million de déplacés).
Elle y multiplie les exactions – des dizaines de milliers de tués, souvent avec sauvagerie –, avant d'en être chassée en 2006 par l'armée ougandaise. La LRA se scinde alors en trois ou quatre groupes distincts.
En décembre 2008, l'armée ougandaise détruit les bases de la LRA. Les rebelles se réfugient alors en République centrafricaine, où les Ougandais sont autorisés à les y poursuivre, un an plus tard.
Un camp pour les survivants de la LRA
AlQarra, le 5 juin 2012
L'Armée de résistance du Seigneur, l’un des mouvements les plus violents au monde, est aussi l'un des plus mobiles. Ses hommes vont de campement en campement d’où ils bougent quasi quotidiennement. Leur mode opératoire : des raids éclairs dans des villages, avant de retourner dans la jungle, leur refuge, non sans avoir commis de nouvelles atrocités.
Avec leur chef Joseph Kony, ces combattants – de 200 à 500 miliciens, divisés en petits groupes – sévissent aujourd’hui dans une région couvrant l’est de la République centrafricaine, le nord de la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud. Là où les gouvernements centraux ont peu d’influence.
Traqué, il reste introuvable
Aux dernières nouvelles, Kony se trouverait en Centrafrique ou au Darfour, région du Soudan, pays soupçonné de soutenir la LRA depuis les années 2000. Pendant la guerre civile soudanaise, alors que l'Ouganda soutenait le sud du Soudan, devenu par la suite indépendant, Khartoum utilisait la LRA pour déstabiliser la région.
Accusé d'avoir enlevé et endoctriné pendant des décennies des milliers de jeunes enfants (lien en anglais) – les filles comme esclaves sexuelles, les garçons comme combattants –, Kony est recherché depuis 2005 par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
L'étau se resserre autour de Kony
L'Union africaine a mis en place une force de 5.000 soldats ougandais, congolais, centrafricains et sud-soudanais, épaulés par une centaine de membres des forces spéciales américaines (lien en anglais) depuis fin 2011, pour traquer la LRA, qu’elle définit comme un «groupe terroriste», et ses dirigeants.
Quoique décriée, une campagne de l'ONG américaine Invisible Children a été lancée contre le sanguinaire leader, en mars 2012 sur internet. Vue par des dizaines de millions de personnes dans le monde, elle a pour but de le faire traduire en justice avec ses deux acolytes, Okot Odhiambo et Dominique Ongwen, avant 2013.
Le 12 mai 2012, le N°4 de la LRA, Caesar Acellam (lien en anglais), a été arrêté en Centrafrique. La capture de ce gros poisson pourrait signer la fin de la cavale de Joseph Kony.
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