Soudan : au moins 56 civils tués et des "dizaines" parmi les forces de sécurité dans les combats entre l'armée et les paramilitaires
"Les affrontements entre [l'armée soudanaise] et les FSR menacent la sécurité et la sûreté des civils soudanais." Dans un tweet, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'inquiète vivement de la reprise des combats entre les Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", et l'armée, dirigée par Abdel Fattah al-Burhane. Ces affrontements ont fait au moins 56 morts parmi les civils et des "dizaines" parmi les forces de sécurité, ainsi qu'environ 600 blessés, a rapporté dimanche 16 avril le Comité central des médecins soudanais, une organisation indépendante et prodémocratie.
Les Forces de soutien rapide, des milliers d'ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l'armée et qui veulent désormais déloger celle-ci du pouvoir, ont déclaré contrôler la résidence présidentielle, l'aéroport de Khartoum et d'autres infrastructures clés.
L'armée a démenti la prise de l'aéroport, mais reconnaît que les FSR y ont "incendié des avions civils, dont un de la Saudi Airlines", ce que la compagnie a confirmé. Dans un communiqué publié samedi en fin de journée, l'armée soudanaise a demandé à la population de rester chez elle alors qu'elle poursuivait ses frappes aériennes contre les bases des paramilitaires.
Des appels à la trêve restés vains
Toute la journée, les appels au cessez-le-feu se sont multipliés : de l'ONU, Washington, Moscou, Paris, Rome, Riyad, l'Union africaine, la Ligue arabe, l'Union européenne et même l'ancien Premier ministre civil Abdallah Hamdok. La Ligue arabe a annoncé une réunion d'urgence dimanche sur le Soudan, à la demande de l'Egypte et de l'Arabie saoudite, deux grands alliés de l'armée soudanaise.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les deux belligérants, mais aussi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour réclamer "un arrêt immédiat de la violence". Les paramilitaires, eux, se disent inflexibles. Ils "ne s'arrêteront pas avant d'avoir pris le contrôle de l'ensemble des bases militaires", a menacé sur la chaîne Al-Jazeera le commandant Hemedti. Ce dernier est visé par un avis de recherche lancé sur la page Facebook de l'armée.
Le général Burhane, lui, a assuré par communiqué avoir été "surpris à 9 heures du matin" par une attaque de son QG par les FSR, son ancien meilleur allié que l'armée qualifie désormais de "milice soutenue par l'étranger" pour mener sa "trahison". L'armée a mobilisé ses avions pour frapper et "détruire" des bases des FSR à Khartoum. Quant aux appels à revenir à la table des négociations, l'armée a répondu que c'était "impossible avant la dissolution des FSR".
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