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Soudan : des dizaines de morts lors de manifestations contre la hausse du prix du pain

Depuis six jours le Soudan est secoué par d’importantes manifestations. Elles ont débuté le 19 décembre 2018, lorsque le gouvernement a décidé de tripler le prix du pain. Le mouvement de protestation a touché jusque-là une dizaine de villes. Le bilan s’établirait à 37 morts du côté des manifestants.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Les manifestations se multiplient dans plusieurs villes du Soudan comme ici à Atbara le 20 décembre 2018. (REUTERS PHOTOGRAPHER / X80002 X80002)

Le 24 décembre 2018, un mouvement de grève a été lancé, faisant monter d’un cran la tension. Les hôpitaux ont été les premiers à se mobiliser, de même que les étudiants qui ont manifesté dans deux villes au sud de Kartoum, la capitale.

Ainsi à Roufaa, les manifestants ont bloqué des rues et allumé des incendies avec des pneus, affrontant la police rapporte l’AFP. Pour l’heure, le bilan des émeutes s’élève à huit morts, mais des chiffres plus importants sont avancés.

Ainsi selon Amnesty International, 37 manifestants auraient été "abattus" par les forces de sécurité. "Le fait que les forces de sécurité utilisent une force meurtrière de manière aussi aveugle contre des manifestants non armés est extrêmement préoccupant", a estimé Sarah Jackson, directrice adjointe de l'ONG pour l'Afrique de l'Est, les Grands Lacs et la Corne de l'Afrique.

Le 19 décembre 2018, de retour d'exil, le leader de l'opposition Sadek al-Mahdi s'adresse à ses partisans. (MOHAMED NURELDIN ABDALLAH / X01806)

Le chef du principal parti d’opposition, Sadek al-Mahdi a de son côté estimé le nombre de mort à 22, dénonçant lui-aussi la "répression armée" des autorités. Dernier chef de gouvernement démocratiquement élu du pays, Sadek al-Mahdi a été chassé du pouvoir en 1989 par Omar-El Béchir. Contraint à l’exil, il est revenu au Soudan au tout début des manifestations.

Le pouvoir menacé

Le mouvement social a rapidement pris une tournure politique. Au départ, les manifestants réclamaient la baisse des prix. Désormais "le peuple veut la chute du régime" comme le crient les manifestants à chaque rassemblement. C’est la plus grosse contestation du président Omar al-Béchir, qui à 74 ans, est au pouvoir depuis presque 30 ans.

Le président soudanais Omar el-Béchir lors d'une cérémonie à Juba au Soudan du sud, le 31 octobre 2018. (AKUOT CHOL / AFP)

En début d’année déjà, un mouvement contre la vie chère avait été vite maté, les leaders d’opposition arrêtés et les militants jetés en prison. En cette fin d’année 2018, Béchir tente de reprendre la main en annonçant "de vraies réformes pour garantir une vie digne aux citoyens".

Mais les leviers d’action sont limités. Privé des trois quarts de ses ressources pétrolières depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, le pays subit une inflation de 70%. Cette année rapporte RFI, la croissance devrait stagner à 1 %.
La suppression des subventions sur le blé ou l’électricité a fait chuter la consommation, seul moteur de croissance du pays. Désormais selon le journal Le Monde, la vente de pain est rationnée.

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