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Deuil national en Tanzanie après la mort de son président John Magufuli

Des rumeurs persistantes circulaient sur son état de santé et son principal opposant affirme qu'il est mort du Covid-19.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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"Majonzi", "en deuil", titrait la presse tanzanienne, annonçant la mort du président John Pombe Magufuli, à Dar Es Salaam, le 18 mars 2021. (- / AFP)

"Le Bulldozer" est mort. Le président tanzanien John Magufuli est officiellement décédé le 17 mars 2021 de problèmes cardiaques à l'âge de 61 ans. Selon les affirmations de Tundu Lissu, un de ses opposants, c'est le coronavirus qui l'aurait emporté. Réélu en octobre 2020 pour un second mandat à la tête de la Tanzanie, il était accusé par ses détracteurs de dérive autoritaire.

Plus d'apparition publique depuis le 27 février

John Magufuli était apparu pour la dernière fois en public il y a près de trois semaines, le 27 février, alimentant toutes les spéculations sur son état de santé et notamment sur la nature de sa maladie.

"C'est avec grand regret que je vous informe qu'aujourd'hui, le 17 mars 2021, à 18h, nous avons perdu notre courageux leader, le président de la Tanzanie, John Pombe Magufuli"

La vice-présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan

à la télévision

Madame Suluhu Hassan, qui va le remplacer à la tête de l'Etat, a précisé que John Magufuli souffrait de problèmes cardiaques depuis dix ans.

Pour son principal opposant Tundu Lissu, le président "est mort du corona". L'opposant a qualifié dans une interview (vidéo ci-dessous) la mort du chef de l'Etat comme une forme de "justice immanente" après qu'il n'a eu de cesse de minimiser l'impact du Covid-19. Le candidat malheureux à la présidentielle d'octobre, exilé depuis en Belgique, avait notamment affirmé que le président était hospitalisé dans un hôpital de Nairobi, la capitale du Kenya voisin, avec une forme sévère de coronavirus. Le gouvernement tanzanien avait alors démenti tout problème de santé.

En 2020, John Magufuli avait nié la présence du coronavirus en Tanzanie. Ce catholique pratiquant affirmait que son pays en était "libéré" grâce aux prières, et il prônait l'utilisation de la médecine traditionnelle pour lutter contre tous les maux. Mais cette posture était devenue intenable en février, après une vague de décès, officiellement attribués à des pneumonies, et touchant jusqu'à de hautes personnalités, comme le vice-président de l'archipel de Zanzibar, Seid Sharif Hamad, mort du Covid-19.

Les dérives autocratiques du "bulldozer" 

"La Tanzanie a longtemps été vue comme un havre de stabilité dans une région est-africaine troublée. John Magufuli est arrivé au pouvoir en 2015 en se présentant comme un homme proche du peuple et déterminé à lutter contre la corruption. S'il a rempli certaines de ses promesses, en prenant notamment des décisions populaires ou en s'invitant dans les bureaux des fonctionnaires pour vérifier leur travail, le premier mandat du président Magufuli est surtout marqué par une dérive autoritaire et une restriction des libertés individuelles", précisait franceinfo Afrique avant l'élection présidentielle d'octobre 2020. En effet, John Magufuli avait interdit les rassemblements politiques dès 2016 et réduit sa tolérance envers ses opposants, opprimé les minorités LGBT et adopté des lois contre les médias

En juillet 2018, John Magufuli avait annoncé que sa formation, le CCM, resterait "au pouvoir à jamais, pour l'éternité". Deux ans plus tard, il avait officiellement été investi par sa formation politique pour briguer un nouveau mandat. 

Le pays en deuil pour quatorze jours

"L'organisation des funérailles est en cours (...) Notre pays sera en deuil pour une période de quatorze jours et les drapeaux seront en berne", a affirmé Mme Hassan.

(Traduction : "Comme le stipule la Constitution, la vice-présidente Samia Suluhu Hassan mènera à son terme le mandat de cinq ans commencé l'année dernière par Magufuli, après avoir emporté une seconde élection. Elle sera la première femme présidente d'un pays d'Afrique de l'Est.")

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé sur Twitter être "désolé d'apprendre" le décès de M. Magufuli. "Mes pensées vont à ses proches et au peuple de Tanzanie", a-t-écrit. Le département d'Etat américain a de son côté exprimé dans un communiqué ses "condoléances" aux Tanzaniens. "Nous espérons que la Tanzanie puisse avancer sur un chemin démocratique et prospère", poursuit le porte-parole, Ned Price.

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