Tchad : Idriss Déby, un président-soldat, adversaire résolu des djihadistes
Tous ceux qui le connaissent s’accordent sur un point : c’est un président-soldat. Très jeune, Idriss Deby s’est rapidement formé au métier des armes à l’école d’officiers de Ndjamena puis en France où il a obtenu un brevet de pilote officier.
Commandant en chef de l’armée en 1982, il conduit la guerre de reconquête qui permet au Tchad de reprendre le Nord occupé par les Libyens, avant de tomber en disgrâce et de prendre la fuite pour échapper à Hissen Habré qui l’accuse de complot.
Il reviendra à Ndjamena en 1990 à la tête d’une armée victorieuse et d’un parti qui a choisi pour emblème une kalachnikov croisée avec une houe.
Mieux vaut mourir les armes à la main
Idriss Deby s’entoure des membres de son ethnie Zaghawa pour éviter les trahisons et favoriser les affaires.
«Des membres de l’ethnie zaghawa se situent généralement au sommet de la hiérarchie militaire et bénéficient d’une impunité presque totale», note Crisis Group (ICG).
Des privilèges mal ressenties par la population et qui n’empêchent pas le pouvoir d’être menacé. Tout au long de sa présidence, Idriss Deby déjoue complots et attaques de rebelles qui arrivent aux portes du palais présidentiel en février 2008. Il est sauvé de justesse par les avions français qui stoppent les colonnes rebelles convergeant sur Ndjamena.
De source militaire, la France avait alors proposé au président de l’évacuer. Il avait refusé, jurant de garder le pouvoir, ou de mourir, les armes à la main.
Dans la confusion qui a suivi ces combats, l'un de ses principaux opposants Ibni Oumar Mahamat Saleh, avait été arrêté par les forces de sécurité. Porté disparu, il est depuis donné pour mort.
Une stature de premier plan grâce à son armée
Idriss Deby est resté un guerrier dans l’âme. Il a acquis ces derrières années une stature de premier plan sur le continent grâce à sa redoutable armée forte de 30.000 hommes.
En première ligne aux côtés des soldats français, ses troupes sont parties à l’assaut des djihadistes du Nord-Mali en 2013. Puis au début de 2015, l’armée tchadienne a lancé une vaste offensive au Cameroun, au Nigéria, et au Niger contre les islamistes de Boko Haram, sur ordre d’Idriss Déby qui qualifie Boko Haram de «horde d’illuminés et de drogués».
De solides appuis en Occident
A l’heure de la mobilisation internationale contre les groupes djihadistes, ses interventions en Afrique de l’Ouest lui valent de solides appuis chez les Occidentaux, particulièrement en France, l’ancienne puissance coloniale et allié de longue date.
«C’est un homme clé et un des rares qui ait une vision dans la région», confie un haut responsable français à l’AFP.
Face à la menace islamique dans les pays sahéliens, Paris a fait de la capitale tchadienne, le quartier-général de sa force dans le cadre de l'opération barkhane.
Interdiction de toute contestation dans la rue
Pour le chef de guerre, pas question d’envisager une éventuelle retraite, ni une improbable succession. Le président-candidat Idriss Déby ne tolère d’ailleurs aucune contestation de la rue.
Un important dispositif de forces de l'ordre quadrille la capitale depuis plusieurs jours pour empêcher tout rassemblement de l'opposition dans la capitale. Un manifestant a été tué par balle Dimanche le 7 août 2016 lors d'une manifestation contre le régime.
Idriss Déby est critiqué par une opposition qui lui reproche des fraudes électorales, des violations des droits de l’Homme et l’extrême pauvreté de la population dans un pays producteur de pétrole. Des critiques qu'il balaie d'un revers de la main.
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