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Attentats à Tunis : "Les personnes au pouvoir en Tunisie sont honnies des islamistes"

La Tunisie a été frappée par deux attentats, jeudi 27 juin, dans un contexte politique et géopolitique tendu. Franceinfo a interrogé le géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient Frédéric Encel.

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Marjorie Lafon
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une barricade de police déployée dans les rues de Tunis (Tunisie) après un attentat-suicide, le 27 juin 2019. (KHALED NASRAOUI / DPA / AFP)

Deux attentats-suicides ont été perpétrés jeudi 27 juin à Tunis (Tunisie). Un premier kamikaze s'est fait exploser près d'une voiture de police, rue Charles-de-Gaulle, près de la célèbre avenue Habib-Bourguiba. Un deuxième individu a fait exploser une charge près d'un complexe de la Garde nationale dans le quartier d'El Gorjani. Les auteurs ne sont pas encore identifiés. Franceinfo a interrogé Frédéric Encel, géopolitologue et auteur de Mon dictionnaire géopolitique (Presses universitaires de France, 2017), afin de comprendre les enjeux de ce double attentat.

Franceinfo : Que faut-il savoir des deux quartiers qui ont été touchés par ces attentats-suicides ?

Frédéric Encel : Ce sont des quartiers relativement bourgeois. La rue Charles-de-Gaulle renvoie à quelque chose de fort, à cette proximité que la Tunisie a avec l'Occident. Certes, les éléments spatio-temporels peuvent constituer des symboles. Mais, dans ce cas, on cherche d'abord à assassiner le plus de gens possible.

On constate cela depuis les années 1990. C'est moins un quartier ou un bâtiment particulier qui est visé. C'est plutôt parce que c'est ici et maintenant que l'on a le plus de chance de tuer le plus de gens. D'autant plus s'il y a des policiers ou des militaires dans le coin. On est davantage dans une dimension opportuniste. 

Quel est le contexte politique tunisien actuellement ? 

La Tunisie est dans une phase préélectorale [des élections législatives doivent se tenir le 6 octobre avant une élection présidentielle le 10 novembre]. Par définition, cette phase correspond à une séquence détestée par les islamistes radicaux. Le deuxième point est qu'aujourd'hui sont au pouvoir des gens qui sont honnis par les islamistes parce qu'issus pour la plupart du printemps arabe de 2011 ou, en tout cas, de ses suites.

Après le printemps arabe, la Tunisie est devenue une figure démocratique phare.

Frédéric Encel

à franceinfo

C'est un contre-modèle absolu pour eux. La Tunisie est considérée comme trop proche de l'Occident et de la France. On lui reproche d'accorder beaucoup trop de droits aux minorités, notamment aux femmes. 

Du point de vue géopolitique, quelle est la situation de la Tunisie ? 

Elle ne dispose pas de forces armées très puissantes. C'est un petit pays situé entre deux géants, l'Algérie et la Libye, ce dernier étant en plein chaos. La frontière entre les deux pays permet facilement à des jihadistes en provenance de Libye de venir pour agir sur son territoire. La Tunisie a bénéficié d'un calme relatif ces dernières années. D'un point de vue géopolitique, elle n'a pas subi trop d'attaques. Mais c'est un calme très précaire. 

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