Des dizaines de milliers de manifestants pro-islamistes défilent à Tunis
Les partisans du parti au pouvoir Ennahda ont dénoncé le vœu du Premier ministre de former un gouvernement apolitique.
"Avec la légitimité et pour l'unité nationale", "le peuple veut Ennahda de nouveau". C'est autour de ces slogans que des dizaines de milliers de partisans du parti islamiste Ennahda, au pouvoir, ont manifesté samedi 16 février sur l'avenue Habib Bourguiba de Tunis. Objectif : défendre le droit d'Ennahda à diriger le pays alors que des négociations sont en cours sur la formation d'un gouvernement apolitique.
C'est le second rassemblement à l'initiative d'Ennahda depuis l'assassinat de l'opposant politique Chokri Belaïd, le 6 février, qui a plongé le pays dans une profonde crise politique.
Critique du Premier ministre tunisien et de la France
Les manifestants sont venus des quatre coins du pays à bord de bus spécialement affrétés pour l'occasion, comme le rapporte sur Twitter une journaliste tunisienne, qui évoque une ambiance familiale. Ils ont brandi des dizaines d'étandards du parti islamiste, des drapeaux nationaux, ainsi que quelques bannières noires de la mouvance salafiste.
"L'initiative du Premier ministre est contraire à la légitimité, en vertu de laquelle Ennahda est au pouvoir après sa victoire aux élections", a ainsi expliqué Omar, un jeune manifestant à Reuters. Les pro-islamistes ont aussi dénoncé les médias et la France, régulièrement accusée d'ingérence. Des drapeaux anti-Français ont été aperçus dans le cortège.
"Ennahda ne cèdera jamais le pouvoir"
A l'issue du rassemblement, Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda, a de nouveau contredit le Premier ministre Hamadi Jebali et numéro deux de sa formation. "Rassurez-vous, Ennahda se porte bien (...) et ne cèdera jamais le pouvoir tant qu'il bénéficie de la confiance du peuple et de la légitimité des urnes", a clamé le dirigeant islamiste sur l'avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis.
Par cette prise de position, il continue de rejeter la proposition du Premier ministre de former un gouvernement de technocrates pour sortir le pays de la crise politique. "Ennahda est la colonne vertébrale de la Tunisie et la briser ou l'exclure porterait atteinte à l'unité nationale du pays", a-t-il martelé, dénonçant une "série de complots" contre son parti.
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