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Huit ans après la "révolution du Jasmin", la Tunisie bonne élève en démocratie et cancre en économie

Le 14 janvier 2011, l’inamovible président tunisien Zine el Abidine Ben Ali est chassé du pouvoir. Huit ans plus tard, la "révolution du Jasmin" suscite plus d’amertume et de déception que d’espoir. 

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Manifestation d'enseignants pour l'amélioration de leurs conditions de travail, le 9 janvier 2019, à Tunis. (YASSINE GAIDI / ANADOLU AGENCY)

Ce lundi est férié, mais le l'humeur n'est pas à la fête. "La révolution a été faite avec trois slogans, 'travail, dignité, liberté', mais les deux premiers n'ont pas été réalisés", constate la sociologue Olfa Lamloum, directrice de l'ONG International Alert en Tunisie qui travaille dans les zones les plus marginalisées du pays. Le bilan de l’après-Ben Ali est très mitigé. Si la Tunisie est le seul pays à poursuivre sur la voie de la démocratisation politique après le Printemps arabe, le pouvoir économique reste encore concentré dans les mains d'une élite et les habitants des zones périphériques se sentent exclus et abandonnés.

Depuis la révolution, on a la liberté, mais pas la dignité

Sofiene Jbeli, jeune informaticien au chômage

à l'AFP

Huit ans après le geste fatidique de Mohamed Bouazizi, point de départ du Printemps arabe, un journaliste s’est lui aussi immolé  par le feu, pour dénoncer la situation économique de sa région. "Pour les fils de Kasserine qui n'ont pas de moyens de subsistance, aujourd'hui, je vais commencer une révolution, je vais m'immoler par le feu", avait déclaré Abdel Razzaq Zorgui dans sa vidéo-testament (lien en arabe).

Si les indicateurs économiques montrent un léger frémissement, la reprise de la croissance ne bénéficie guère aux habitants des banlieues pauvres et des villes de l'intérieur. Le chômage y est deux à trois fois plus élevé que les 15,5% enregistrés nationalement, notamment chez les jeunes diplômés.

Le président Béji Caïd Essebsi, en froid avec son Premier ministre Youssef Chahed, n’arrive pas à inverser la courbe du chômage. Le Printemps arabe a laissé place à l’amertume. Malgré les progrès de la transition démocratique et un récent retour de la croissance économique après des années de stagnation, les autorités tunisiennes peinent toujours à répondre aux aspirations sociales des Tunisiens. Inflation et chômage alimentent les troubles sociaux.

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