Cet article date de plus de huit ans.

La Tunisie pleure un père mort à Istanbul après avoir sauvé son fils de Daech

Le chirurgien Fathi Bayoudh, chef de service en pédiatrie à l’hôpital militaire de Tunis, est décédé dans le triple attentat-suicide d’Istanbul. Il avait convaincu son fils unique de quitter les rangs de Daech. Il était en Turquie pour activer son rapatriement.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min

Il est devenu un héros en Tunisie. Fathi Bayoudh était en Turquie pour obtenir le rapatriement de son fils, incarcéré après avoir déserté Daech. Selon des médias tunisiens, citant des sources sécuritaires, Anouar Bayoudh, presque trentenaire, avait arrêté brutalement ses études pour aller faire le djihad en Irak puis en Syrie.
 
«Cet ancien étudiant en pilotage d’avion dans une école d’El-Menzah 9, fis unique, avait dit à son père, il y a deux ans, qu’il partait pour un stage en Suisse, avant de téléphoner à sa mère, peu de temps après, pour lui dire qu’il était arrivé en Syrie, via l’Irak, et qu’il s’était marié avec une Tunisienne, partie avec lui», révèle Kapitalis. Contactés par Géopolis, les responsables de cette école privée n’ont pas souhaité répondre.

 
Le chirurgien militaire, avec le grade de colonel major, avait réussi à convaincre son fils Anouar de quitter les rangs de l’organisation Etat islamique et de rentrer en Tunisie en passant par la Turquie. Incarcéré non loin de la frontière syrienne, l’ancien djihadiste devait être rapatrié à Tunis. Aidé par les autorités tunisiennes, le père de famille de 58 ans faisait des allers-retours fréquents entre la Tunisie et la Turquie depuis deux mois pour activer la procédure avec l’aide les autorités consulaires de son pays.
 
Au soir du mardi 28 juin, il s'était rendu à l'aéroport Atatürk d'Istanbul pour accueillir son épouse avant se rendre au lieu de détention de leur fils. Il fait partie des 41 victimes du triple attentat-suicide.
 
Héros en Tunisie
Les réseaux sociaux tunisiens rendent hommage au «courage exemplaire» du père de famille décédé. Les Tunisiens, émus par l’histoire de Fathi Bayoudh, pleurent un «héros». «Durant sa carrière professionnelle, le défunt a œuvré à secourir des personnes en participant massivement dans des campagnes humanitaires où il a pris en charge la santé des enfants refugiés au camp Echoucha provenant de la Libye au lendemain de la révolution», rapporte la radio privée Mosaïque FM

 

Traumatisée par des attentats meurtriers depuis plus d’un an et par des départs massifs d’apprentis djihadistes vers l’Irak, la Syrie et la Libye, la Tunisie fait face à un terrorisme virulent. Selon différentes sources, plus de 5.000 Tunisiens auraient rejoint Daech et al-Qaïda, notamment en Syrie et dans la Libye voisine.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.