Tunisie : les autorités promettent 800 millions d'euros pour lutter contre le coronavirus et les habitants se confinent
Les Tunisiens doivent se résigner à un confinement total mis en place le 22 mars 2020. Ils s'adaptent tant bien que mal...
Le gouvernement tunisien a annoncé le 21 mars 2020 un plan d'aide de 2,5 milliards de dinars (794 millions d'euros) destiné aux entreprises et aux particuliers pour faire face aux conséquences économiques et sociales de l'épidémie de nouveau coronavirus. Mais aussi au confinement général décidé la veille au sommet de l'Etat. Au 23 mars, le pays comptait 89 cas de coronavirus (dont 14 nouveaux identifiés pour la seule journée du 23), avec trois décès recensés, aux dires des chiffres officiels. 60 cas sont dits "importés". Le nombre réel des cas confirmés pourrait être beaucoup plus important que le bilan officiel, a précisé la directrice de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, Insaf Ben Alaya, cité par le site realites.com.
Le plan gouvernemental comprend un fonds de 700 millions de dinars (224 millions d'euros) pour restructurer les sociétés sinistrées ainsi qu'une ligne de garantie de 500 millions de dinars (160 millions d'euros) destinée à leur permettre d'emprunter, a annoncé le Premier ministre, Elyes Fakhfakh. Les pénalités de retard et les coupures d'eau et électricité pour impayés seront suspendues. Par ailleurs, 150 millions de dinars (48 millions d'euros) seront consacrés à aider les "catégories sociales fragiles", sous forme de prime.
Concernant le plan de financement annoncé, les autorités ont peut-être été aiguillonées par certaines critiques et certaines initiatives privées... Comme le rapportait franceinfo Afrique dès le 20 mars, relayant des informations du site tunisienumerique, le ministère de la Santé avait, apparemment, initialement budgété "une enveloppe de 12 millions de dinars" (3,8 millions d'euros) dans le cadre d'un "plan national de lutte contre le coronavirus", soit "un dinar par habitant" (0,32 euro)…
Collecte de dons
Tunisienumérique évoquait aussi un appel à "la collecte de dons" lancée par plusieurs médias pour combattre la pandémie. Par ailleurs, un téléthon national appelant à des dons a été organisé le 20 mars sur les chaînes et radios publiques ainsi que sur de nombreux médias audiovisuels privés. L'émission a permis de recueillir plus de 27 millions de dinars de promesses de dons (9 millions d'euros) en faveur des services de santé. Lesquels ne sont pas forcément au mieux de leur forme dans un pays lui-même très endetté...
Confinement et mariages annulés
Les mesures de confinement total sont entrées en vigueur le 22 mars. Elles devraient "prendre fin, si tout va bien, le samedi 4 avril 2020", précise le site realites.com. "Dans ce contexte, les citoyens sont tenus de rester chez eux afin de limiter la propagation du coronavirus. Ils ne doivent sortir que pour des besoins de première nécessité : alimentation, soins, pharmacies".
Le site dresse la liste des services et activités qui ont l'autorisation de poursuivre leur activité. On trouve notamment les commerces alimentaires tels que "les magasins de vente de fruits secs", "les marchés de gros des fruits et légumes et des poissons et volailles", "les grandes et moyennes surfaces commerciales". On apprend aussi que "les mécaniciens", "les services dédiés aux personnes aux besoins particuliers", "les services de réparation des équipements techniques et industriels", "les services de maintenance ménagers (électricité, plomberie…)", "les services de réparation des équipements agricoles" peuvent rester ouverts.
Dans le même temps, le confinement a aussi notamment des conséquences pour les couples en instance de mariage. "Parmi la catégorie des citoyens durement touchés par l’invasion du coronavirus, il faut citer les célibataires qui ont dû, la mort dans l’âme, reporter leurs dates de mariage aux calendes grecques", rapporte ainsi le journal La Presse. L'objectif étant bien évidemment d'empêcher les rassemblements pour propager le virus.
Le quotidien cite ainsi un jeune homme qui devait s'unir à sa fiancée le 15 mars. Et a dû annuler une cérémonie pour laquelle il avait invité 300 personnes. Il avait aussi emprunté "10 000 dinars" (3 200 euros). "Bref, tout était en règle et ma future épouse et moi étions heureux et impatients de vivre notre nuit de noces tant rêvée. C’était, malheureusement, sans compter avec ce diable de coronavirus qui a brisé le beau projet d’un jeune couple", a-t-il expliqué à La Presse. Et le journal d'ajouter : "Paradoxalement, les aventuriers et irresponsables que compte le pays n’en ont cure, en dépit de la conjoncture dramatique du moment. En témoignent ces fêtes de mariage qu’on continue d’organiser un peu partout dans la clandestinité et qui sont relayées sur la Toile, par vidéos interposées".
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