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Tunisie : "Quiconque tue une personne sans aucune raison mérite la peine de mort", déclare le président Kaïs Saïed

Le président tunisien n'a pas tardé à réagir après le meurtre d'une jeune femme de 29 ans. L'assassinat de la jeune Rahma, le 25 septembre, a provoqué l'émoi dans le pays et ravivé le débat sur la peine de mort.

Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié
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Le président tunisien, Kaïs Saïed lors de la prestation de serment du nouveau gouvernement, le 2 septembre 2020 au Palais de Carthage. (FETHI BELAID / AFP)

Elle s'appelait Rahma, une jeune femme tunisienne de 29 ans. Elle a été assassinée le 25 septembre 2020. Disparue à la sortie de son bureau, elle a été retrouvée sans vie près de l'autoroute entre la capitale, Tunis, et un quartier résidentiel de la Marsa. Selon le ministère de l'Intérieur, un suspect, rapidement arrêté par la police, a fait des des aveux, affirmant l'avoir tuée et avoir volé son téléphone. Face à l'émoi déclenché par ce meurtre, très commenté sur les réseaux sociaux, le président tunisien, Kaïs Saïed, n'a pas tardé à réagir.

Quiconque tue une personne sans aucune raison, mérite la peine de mort. Nous lui fournirons toutes les conditions de légitime défense, mais s'il est prouvé qu'il a tué, je ne pense pas que la solution soit de ne pas appliquer la peine de mort

Kaïs Saïed, le président tunisien

Au lendemain de ce crime odieux, des citoyens tunisiens avaient convergé devant le palais présidentiel de Carthage pour exprimer leur colère et réclamer l'activation de la peine de mort contre l'auteur présumé de ce crime.

Un débat récurrent dans l'opinion

Ce n'est pas la première fois que les Tunisiens s'emparent du débat sur la peine de mort qui n'a pas été appliquée depuis 1991. Partisans et adversaires s'affrontent régulièrement lorsque des citoyens innoncents sont victimes de crimes odieux, comme celui de la jeune Rahma.

C'était le cas en août 2018. A l'époque, quatre individus s'étaient introduits par effraction au domicile d'une octogénaire dans le village de Bir-Aïche, dans l'Ouest tunisien. La vieille dame, sa fille et sa petite-fille de 15 ans, présentes à son domicile, avaient été violentées. La grand-mère avait succombé à ses blessures. Sa petite fille, kidnappée par les agresseurs, avait été retrouvée trois jours plus tard, violée et gravement blessée. Ce drame, raconté par Sputnik, avait suscité une vive émotion. De nombreux Tunisiens, parmi lesquels des écrivains et intellectuels, avaient dressé un réquisitoire sans appel contre les auteurs de ces crimes. Certains estimant que la peine de mort ne suffisait pas pour punir ces gens dépourvus de toute humanité.

"Je suis pour qu'on les torture publiquement... Jusqu'à ce que mort s'en suive. La modernité, les droits de l'Homme, n'impliquent pas qu'on soit tolérant à l'endroit des gens qui n'ont rien à voir avec l'humanité", écrivait l'universitaire et écrivaine Olfa Youssef citée par Sputnik. Alors que sa collègue Emna Rmili suggérait sur les réseaux sociaux que le crime de viol soit puni par castration.

Mais d'autres Tunisiens étaient plus nuancés, préférant rappeler que "la peine de mort n'a jamais apporté de solution, ni réduit le taux de mortalité". C'est la position affichée par la Coalition tunisienne contre la peine de mort (CTCPM), qui s'est indignée, dans un communiqué publié le 28 septembre, contre la campagne visant les défenseurs des droits humains, déclenchée après le meurtre de la jeune Rahma.

Il n'est pas légitime de donner à l'Etat le droit d'assassiner les citoyens au nom de la loi et céder ainsi à la violence et à la repression

Communiqué de la Coalition tunisienne contre la peine de mort

La Constitution tunienne, adoptée en 2014, soit trois ans après la révolution, consacre "le droit à la vie", mais n'a pas aboli la peine de mort. Cependant, si la justice tunisienne continue à condamner régulièrement des gens à la peine capitale, notamment pour terrorisme, un moratoire est appliqué de facto depuis 1991.

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