Un avion "non identifié" bombarde un village du Niger et fait 36 morts
Plusieurs responsables locaux accusent le Nigeria voisin, qui pourrait avoir confondu le village avec des positions du groupe terroriste Boko Haram.
S'agit-il d'une bavure d'un pays voisin ? Le gouvernement nigérien a annoncé, mercredi 18 février, l'ouverture d'une enquête et décrété trois jours de deuil national après le bombardement par un avion "non identifié" d'un village du sud-est du Niger, qui a fait au moins 36 morts et une vingtaine de blessés.
Mardi après-midi, un avion "dont l'origine reste à déterminer" a bombardé la localité d'Abadam, côté Niger, faisant "36 morts et 27 blessés", affirme l'armée nigérienne. Les victimes étaient "rassemblées près d'une mosquée en raison d'un décès", selon le gouvernement.
Le Nigéria, en lutte contre Boko Haram, dans le viseur
"Deux avions sont venus au-dessus du village, décrit le vice-maire d'Abadam, Ali Youram,. L'un a bombardé la mosquée où se trouvaient des fidèles. Le deuxième avion a lâché une bombe à près de 200 mètres du village".
"On a constaté que ce sont des avions nigérians, pour avoir aperçu leurs couleurs vert et blanc. Ça se voit, même étant assis, tu peux les apercevoir", a affirmé le vice-maire, pour qui les pilotes l'ont fait "exprès". "Je ne pense pas qu'ils pouvaient ne pas connaître la frontière entre le Niger et le Nigeria", a-t-il souligné.
Le témoignage du vice-maire corrobore les dires d'un élu de Bosso, un bourgade située à une dizaine de kilomètres d'Abadam. "Dans un premier temps, nous avions pensé à une bavure de l'armée nigérienne ou tchadienne, mais finalement, nos soupçons se portent vers l'armée nigériane", a-t-il déclaré.
L'armée nigérianne nie toute implication
Les armées du Niger et du Tchad, actuellement mobilisées à la frontière nigéro-nigériane pour lutter contre le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, "excluent toute responsabilité"dans le largage de la bombe, ont affirmé deux autres élus locaux. "Il n'y avait aucun rapport d'un avion nigérian impliqué dans ce bombardement", a répondu un porte-parole de l'armée de l'air du Nigeria.
D'après les deux élus précédemment cités, Abadam est divisé par un cours d'eau. Une partie du village se trouve au Nigeria et l'autre au Niger. Mais seule la partie nigérienne d'Abadam a été touchée par la bombe, selon ces deux sources. D'après l'élu de Bosso, une première bombe était tombée "il y a trois jours" sur le village de Gamgara, également situé à proximité de Bosso, "faisant un mort".
Bosso avait été le théâtre de la première offensive massive des insurgés de Boko Haram en territoire nigérien, le 6 février.
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